Archives 2011

4.8. – Quelles conditions pour travailler « sous couverture » ?

Texte essentiel à la déontologie, la charte de Munich (1971) précise que le journaliste ne doit pas « user de méthodes déloyales pour obtenir des informations, des photographies et des documents. »

Si la plupart des rédactions s’accordent à penser que les journalistes doivent impérativement décliner leur fonction dans l’exercice de leur métier, elles considèrent aussi qu’il existe des exceptions à la règle, dans les pays totalitaires ou en zones de guerre mais également pour obtenir des informations d’intérêt public inatteignables par les moyens habituels…

A quelles conditions un journaliste peut-il travailler sous couverture ?

Réponses complètes

La Libre Belgique : Exceptionnelles

La nature de l’enquête doit justifier le recours à ce procédé. « Est-il indispensable pour obtenir une information d’intérêt public ? Pour une enquête dans des milieux criminels, par mesure de protection en zone de guerre, pourquoi pas… Mais le principe doit rester exceptionnel. »

RTBF : En cas de nécessité absolue

Le journaliste doit faire le maximum pour avancer non masqué. Les caméras cachées sont autorisées s’il est impossible d’obtenir les informations autrement (sujet consommation par exemple) et seulement avec l’accord de la direction de l’information.

Le Soir : En cas de nécessité

Cette pratique n’est autorisée que s’il n’existe aucune possibilité pour récupérer l’information ou s’il s’agit de se protéger dans une situation dangereuse.

En tous cas, le journaliste doit obtenir l’autorisation de sa hiérarchie.

Cruzeiro do sul : Autorisée mais info vérifiée

Un journaliste peut obtenir une information sans se présenter en tant que tel.

En revanche et dans un deuxième temps l’un de ses collègues, se revendiquant journaliste, ira la vérifier.

O Estado de S. Paulo : Pratique non autorisée

TV Cultura : Pratique interdite

Conformément aux principes éthiques de la chaîne, la transparence est de mise. Utilisant principalement les images des agences de presse, les journalistes partent sur le terrain essentiellement pour filmer des interviews de rue. Pour respecter les gens, les journalistes de TV Cultura se présentent toujours comme tels.

TV TEM : Dénoncer la corruption

La pratique de l’enregistrement ou de la caméra cachés est autorisée pour accéder à des informations sensibles comme la corruption ou le détournement de fonds publics.

Valor Econômico : NC

El País : Impossible

Un journaliste de El País doit toujours se présenter en tant que tel.

Público : Rares

La règle générale de base oblige les journalistes à s’identifier. La seule exception acceptable est l’impossibilité de recueillir une information en dévoilant son statut (par exemple en situation de conflit armé). Dans ce cas, cette non identification ne doit en aucun cas brouiller les sources ni altérer les témoignages.

La Vanguardia : Pratique non prévue

Cette pratique n’est prévue ni dans le Livre de style ni dans les Statuts de la Rédaction. Elle reste par conséquent à la discrétion du journaliste.

La Croix : Pratique interdite

La Dépêche du Midi : Proscrit

Le Figaro : Proscrit

France 2 : Sur autorisation

L’utilisation de caméras ou de micros cachés doit être validée par la direction de l’information. Elle est autorisée exclusivement pour obtenir une information d’intérêt général.

Les personnes filmées sont rendues anonymes, le procédé de « la couverture » est expliqué à la diffusion du reportage.

France 24 : S’il n’y a pas d’autre choix

France 24 n’autorise cette pratique que dans les pays où le journalisme à visage découvert est impossible. Dans un contexte démocratique, des journalistes expérimentés peuvent avoir utiliser des caméras cachées pour certains types de sujets (tourisme sexuel).

Libération : Aucune

Le Monde : Interdit

Travailler sans décliner son identité de journaliste est considéré comme une faute professionnelle. Sauf si la vie du journaliste est en danger.

Ouest France : Pratique proscrite

Le premier principe de la charte photo de Ouest France précise que les photos volées sont proscrites. Il est également interdit d’utiliser des « moyens déloyaux » pour obtenir une information.

Le Parisien/Aujourd’hui en France : Interdit

Le Progrès : Interdit sauf nécessité vitale

Un journaliste ne pourrait cacher son statut professionnel qu’en cas de grave danger.

La Provence : Libre appréciation du journaliste

Le choix de rechercher des informations sans décliner son identité de journaliste est laissé à la libre appréciation des journalistes, une pratique qui doit néanmoins rester très exceptionnelle.

Sud-Ouest : Interdit

Les journalistes ne sont pas autorisés à travailler sous couverture.

TF1 : Autorisation nécessaire

Dès lors qu’un pays est fermé, la rédaction considère qu’elle a le droit d’aller voir ce qu’il s’y passe et de le relater.

Hors zone de conflit, les journalistes expérimentés de la cellule « enquête » peuvent travailler sous couverture, le plus souvent pour des sujets de société ou d’économie.

La Voix du Nord : Interdit

Mid-day : Autorisation de la hiérarchie

The Hindu : Autorisation nécessaire

BBC : Sur autorisation

Les caméras cachées doivent être validées en amont par la hiérarchie et/ou par le service de contrôle de la politique éditoriale.

La BBC entre « sous couverture » dans les pays totalitaires.

The Guardian : Sur autorisation

Si un journaliste considère qu’une information ne peut pas être obtenue autrement, il doit alors faire une demande spéciale à son rédacteur en chef. Il en sera fait mention dans l’article.

La Liberté : Exceptionnellement

Cette pratique n’est pas habituelle mais la rédaction peut y avoir exceptionnellement recours s’il n’existe aucun autre moyen d’obtenir une information.

RTS : Intérêt public majeur

Le procédé n’est autorisé que pour obtenir des informations d’intérêt public majeur. La dernière fois où ce procédé a été utilisé ce fut pour infiltrer un mouvement néo nazi.

Le Temps : Rare et sur autorisation

Le travail sous couverture n’est autorisé par le rédacteur en chef que s’il est indispensable pour obtenir une information d’intérêt public.