Archives 2011

4.6. – Quel traitement des photos ou vidéos amateurs ?

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, le recours aux documents photographiques et audiovisuels proposés par des non journalistes se multiplie dans les rédactions de presse papier, web ou dans les chaînes de télévision.

Des titres de presse quotidienne régionale n’hésitent plus à lancer des appels à témoin suite à une catastrophe naturelle ou à un fait divers. Certains médias ont même créé des équipes spécialisées dans la recherche de ces documents.

Quels sont les moyens techniques et journalistiques mis en Ĺ“uvre pour valider les documents amateurs ? Sont-ils présentés en tant que tels ? Peuvent-ils faire l’objet de rémunération et dans quelles conditions ?

Réponses complètes

La Libre Belgique : Assez rares

Rares sont les documents amateur publiés. Dans ce cas de figure cependant, la photo est créditée du nom de l’auteur qui ne sera pas rémunéré.

Le site web met parfois en ligne des vidéos extraites de « YouTube » puisqu’elles appartiennent au domaine public.

RTBF : Une mention

Les documents amateur sont signalés par la mention « Images amateur ». En cas de demande de rémunération, une prise en charge des frais est proposée.

Le Soir : Acceptées mais exceptionnelles

Sauf exception, le Soir ne recherche pas les documents amateurs, la règle est plutôt de produire en interne.

En principe ces photos ou vidéos non professionnelles ne sont pas rémunérées, sauf s’il s’agit de « documents d’intérêt public ».

Elles pourront être retravaillées mais sans altérer le fond. En cas d’infographie, une mention « Infographie Le Soir » est requise.

Cruzeiro do sul : Non vérifié, non rémunéré

Le site web de Cruzeiro do Sul propose une section intitulée « Envoyer au média » qui affiche l’avis suivant pour l’internaute  : « J’autorise la publication du matériel en annexe, dont je suis l’auteur, sur les éditions papier et numérique du journal Cruzeiro do Sul, moyennant mention du crédit de l’auteur, sans qu’il n’en découle aucun frais pour le journal ni quelconque autre forme de lien de dépendance. »

O Estado de S. Paulo : Intérêt journalistique indispensable

Le journal publie fréquemment des photos réalisées par des lecteurs (photos amateurs) avec leur autorisation. Le critère de sélection est le seul intérêt journalistique.

O Estado a même créé un programme dans cet objectif, intitulé « le photo-reporter ».

TV Cultura : Utilisées et non rémunérées

La TV Cultura utilise des images ou vidéos d’amateur. Les deux critères pour les passer à l’antenne sont qu’elles doivent servir l’information et qu’elles soient de qualité.

Le nom de l’auteur est alors inscrit ainsi que la mention « image amateur ». Les auteurs ne sont jamais payés. L’essentiel des images que reçoit la chaîne sont envoyées par des habitants de la région, lors de catastrophe naturelle, comme ce fut le cas en début d’année 2011 avec les déluges dans l’État de Rio de Janeiro. C’est pourquoi la rédaction n’a guère besoin de vérifier leur véracité et se contente de choisir les meilleures. En cas de doute, ces images ne sont pas diffusées.

TV TEM : Une bonne qualité indispensable

Les documents amateurs doivent être de bonne qualité technique d’une part et d’autre part respecter le droit des personnes, un principe fondamental de la chaîne.

Valor Econômico : Pas de photo amateur

Valor Econômico n’utilise aucune image amateur ni ne cherche à inciter l’envoi de réalisations non professionnelles au journal.

El País : Pas de règles strictes

Si une bonne photo ou une bonne vidéo parvient à la rédaction, dont le contenu informatif est intéressant pour les lecteurs de El País, elle sera publiée sur le site web.

Pour prendre un exemple très récent, durant les manifestations du 15M (mouvement des indignés de la Puerta del Sol qui a démarré le 15 Mai), la photo d’un amateur a été choisie pour la couverture parce que la rédaction a trouvé que cet instantané était la meilleure photo disponible.

De plus, El País dispose d’un réseau social propre, Eskup, auquel les lecteurs peuvent contribuer en envoyant leurs propres informations et images, qui seront cependant toutes filtrées.

Público : Parcimonie et vérification

Le service de l’édition graphique n’accepte que très exceptionnellement la publication ou la mise en ligne d’une photo amateur et seulement si elle détient une haute valeur informative. La photo est vérifiée et ne peut donc pas être anonyme, l’auteur doit donner toutes ses coordonnées.

Aucune vidéo amateur n’est présentée sur le web.

La Vanguardia : Un encadrement rigoureux

L’édition papier peut publier une photo non professionnelle après qu’elle ait été vérifiée et seulement si aucun journaliste n’a pu la prendre lui-même.

Cette pratique concerne généralement l’information locale.

Dans la rubrique « opinion » il existe un espace ouvert aux lecteurs pour la publication de photos de situations à dénoncer. Le photographe amateur doit alors préciser ses coordonnées personnelles et accompagner l’image d’une explication convaincante.

lavanguardia.com (édition numérique) demande la collaboration des internautes sur de nombreux thèmes. Les règles pour participer sont publiées sur le site.

La Croix : Proscrites

La Dépêche du Midi : Non recherchées mais acceptées

Le Figaro : Acceptées via une plate-forme contributive

A partir des documents récupérés sur la plate-forme numérique, l’équipe « Social Media » du Figaro.fr rédige des articles de restitution où les commentaires des internautes abonnés sont mis en valeur. Les informations et photo/vidéo amateur sont clairement labellisés en tant que tels.

Et ne sont jamais rémunérés.

France 2 : Prudence

France 2 utilise les documents amateur avec une grande prudence. Les sources et les droits des images sont vérifiés rigoureusement.

France 24 : Le principe des « Observateurs »

L’équipe des Observateurs de France 24 recherche des documents amateurs. Ils fournissent des contenus aux chaînes et au site web, ils possèdent également une émission hebdomadaire. Les contenus sont envoyés par le réseau des observateurs ou repérés sur les réseaux sociaux.

La chaîne travaille à augmenter l’indice de fiabilité de ces « observateurs » en travaillant avec eux sur la durée et en leur demandant de se rendre sur place pour mener leur enquête.

D’un point de vue plus technique, France 24 analyse les métadonnées des images (appareil photo utilisé, heure de prise de vue, coordonnées GPS). L’altération de ces données prouveraient qu’il y a eu retouche.

En termes de traitement, les montages respectent le document initial et ajoutent un habillage. La lumière peut être modifiée et l’infographie utilisée pour encercler ou mettre en surbrillance certains détails. Les images initiales peuvent être agrémentées de la parole de témoins, ajoutées par la rédaction.

Les contenus amateurs ne sont pas rémunérés mais les auteurs toujours cités.

Libération : Publiés avec un indice de fiabilité

Il arrive que des documents amateurs soient utilisés, après une vérification très rigoureuse. La nature du document est toujours annoncée et en cas de doute, le degré de fiabilité du document établi par la rédaction est clairement indiqué.

Libération utilise aussi des photos d’illustration en provenance du site « Flickr » mais de façon modérée, afin de ne pas nuire à la profession de photographe.

Les documents amateur ne sont pas rémunérés.

Le Monde : Acceptés non rémunérés

Il existe des dispositifs d’appels à témoignages. L’authenticité du document amateur est vérifiée comme n’importe quelle autre information. Aucune rémunération n’est prévue.

Ouest France : Non utilisées

Le Parisien/Aujourd’hui en France : Acceptées et non rémunérées

Les internautes sont invités à déposer leurs contenus sur la plate-forme communautaire « You ». Des contenus amateur peuvent être publiés mais ils ne sont pas rémunérés.

Le Progrès : Acceptés et non rémunérés

Le recours aux documents amateurs et leur rémunération demeurent exceptionnels.

La Provence : Acceptés et non rémunérés

Les documents amateur sont acceptés. Les internautes qui se sont inscrits sur le site pour pouvoir écrire des commentaires (les « provençonautes ») peuvent également y poster des photos et des vidéos dont l’authenticité est vérifiée par la rédaction avant utilisation. Ces documents ne sont jamais rémunérés.

Sud-Ouest : Acceptés

La rédaction web lance régulièrement des appels à photos. Elle en reçoit beaucoup via l’application I-Phone du site web, notamment pour les faits divers et l’information locale (incendie, bouchons…)

Les photos sont créditées du nom de l’auteur.

Si la règle est la non-rémunération, la rédaction accepte de rares exceptions.

TF1 : Un cadre défini

Les images amateurs peuvent être recadrées et montées, la mention « Document amateur » et la date sont systématiquement apposées.

Si les images peuvent être confondues avec des professionnelles, le commentaire précisera lui aussi qu’il s’agit d’un tournage amateur.

Ces vidéos sont rémunérées selon le type d’événement, la qualité et la durée de la séquence retenue.

La Voix du Nord : Acceptées mais non rémunérées

Mid-day : Acceptées et rémunérées

The Hindu : Peu utilisées mais rémunérées

Le journal publie majoritairement des photos qui ont été prises par son propre personnel.

Si toutefois il doit avoir recours à des photos amateur (pour des accidents par exemple), elles sont payées.

BBC : En précisant la fiabilité des documents

Six personnes sont chargées de vérifier l’authenticité des documents amateurs. La BBC en diffuse beaucoup mais toujours en précisant le degré de fiabilité de l’image.

Exceptionnellement des images d’amateur peuvent être rémunérées.

The Guardian : Rarement rémunérées

The Guardian en utilise beaucoup. Les documents amateur sont très rarement rémunérés.

La Liberté : Oui

Les photos amateur peuvent être reçues via l’application mobile du journal et peuvent être publiées. Un défraiement est possible.

RTS : Vérification de la fiabilité

Il peut arriver que la RTS utilise des images tournées par des non-professionnels.

Le niveau de fiabilité sera alors annoncé à l’antenne.

Le Temps : Rares et non rémunérés

Les documents amateur sont très rarement acceptés et jamais rémunérés.