Archives 2011

4.1. – Quelle gestion des voyages de presse et des journalistes « embarqués » ?

Le « voyages de presse » est un déplacement et/ou un séjour offert, tout ou en partie, par une entreprise, une ONG, une institution publique… à un journaliste pour qu’il rédige - ou pas - un article.

Le recours à cette pratique permet au journal de faire de substantielles économies mais place le professionnel « invité » dans une position de dépendance par rapport au commanditaire.

Certains quotidiens bannissent les voyages de presse, d’autres informent leurs lecteurs que l’article a été rédigé dans ce cadre précis, certains n’ont pas de politique officielle sur cette question, d’autres encore utilisent les voyages de presse en affirmant garantir leur liberté d’écriture…

Autre genre d’invitation, celle d’armée régulière qui emmène des journalistes

sur le terrain d’action. Entre protection et censure, influence et proximité, comment ces relations entre les professionnels de la communication militaire et professionnels de l’information s’équilibrent-elle?

Réponses complètes

La Libre Belgique : Autorisés mais pas annoncés

Les voyages de presse sont acceptés par un chef de service. Ils n’induisent pas automatiquement un article et ne seront pas mentionnés en tant que tels.

Des journalistes ont été « embarqués » avec l’armée belge en Afghanistan. Le contrat contenait des clauses éditoriales comme l’interdiction de donner des détails spécifiques sur le type d’armement utilisé ou la localisation d’une unité.

RTBF : Autorisés mais non annoncés

Des journalistes « embarqués » sont partis avec l’armée belge en Afghanistan ou avec l’armée américaine en Irak. Les modifications exigées par l’armée ont été annoncées dans le reportage.

Le Soir : Autorisés et non annoncés

Cruzeiro do sul : Rares mais annoncés

Les invitations sont peu fréquentes. Quand il a lieu, le voyage de presse est toujours mentionné dans l’article.

O Estado de S. Paulo : Selon un seul critère

Depuis plusieurs années les invitations d’entreprises privées ne sont plus acceptées ; seules le sont celles de gouvernements et d’institutions uniquement quand le voyage revêt un réel intérêt journalistique. Pour évaluer la pertinence d’un voyage de presse une commission peut même se constituer et décider en fonction de ce seul critère d’intérêt journalistique.

Le lecteur est alors toujours informé quand le journaliste voyage sur invitation.

TV Cultura : Rares

Les voyages de presse sont peu fréquents. Les journalistes ne couvrent pas les zones de guerre ou de conflits, TV Cultura utilisent les images des agences de presse.

TV TEM : Rares voire inexistants

La participation de journalistes de TV Tem à des voyages de presse reste très rare.

Ils ne sont jamais « embarqués », la chaîne ne couvre pas les zones de guerres ou de conflits, trop éloignés de la réalité régionale.

Valor Econômico : Des règles précises

Le journal n’accepte une invitation que lorsqu’il s’agit d’une occasion très particulière comme un entretien exclusif avec un PDG de haut vol ou avec le chef de l’État.

Par ailleurs, cette proposition doit être faite en exclusivité au journal, Valor econômico ne participe à aucun voyage de presse collectif.

La mention « voyage de presse sur invitation » est toujours signalée dans l’article.

El País : Rares mais annoncés

Les prises en charge de voyages ou de séjours ne sont pas acceptés, sauf exceptions (élections…) qui doivent alors être autorisées par la direction. Elles sont alors mentionnées dans l’article.

Público : Toujours refusés

La Vanguardia : Autorisés mais pas annoncés

Les statuts de la rédaction stipulent que les voyages de presse sont autorisés de “façon restrictive”. Un article écrit dans ces conditions ne mentionne pas le voyage de presse.

La Croix : Le plus possible sur les deniers du journal

Les voyages de presse ne sont pas formellement interdits mais demeurent peu utilisés. Le journal - très attaché à l’international - tente de partir le plus souvent possible en partageant les frais, pour ne pas complètement dépendre d’un donateur, fut-il humanitaire.

Régulièrement ressurgit le débat sur le signalement ou non dans les articles des conditions financières dans lesquelles un voyage a été effectué.

La Dépêche du Midi : Autorisés et non signalés

Les voyages de presse sont autorisés et non signalés comme tels dans les articles. Ils sont aussi de moins en moins nombreux.

Le Figaro : Autorisés et non signalés

France 2 : Autorisés et annoncés

Les voyages de presse sont interdits sauf en cas de difficulté d’accès au lieu du reportage (plate-forme offshore, voyage expérimental du TGV, zone de guerre..). Ils sont normalement annoncés à l’antenne.

Les voyages officiels sont facturés.

France 24 : Acceptés mais non annoncés

Des voyages de presse sont acceptés mais pas annoncés.

France 24 refuse de couvrir - contre rémunération - le voyage d’un président étranger.

La chaîne a tourné des reportages sur la flottille vers Gaza parce qu’il y avait de nombreux journalistes à bord, une convergence de professionnels qui permet d’éviter l’accusation de militantisme.

La rédaction s’estime très attentive à l’identité et au statut des personnes qui proposent d’accueillir des journalistes.

Libération : Selon la rubrique

La charte de Libération stipule que les voyages de presse ne sont pas autorisés.

Néanmoins l’économie de certains secteurs du quotidien oblige à plus de souplesse, c’est notamment le cas pour les rubriques voyage et tourisme.

Au chef de service de débattre avec la rédaction en chef et d’appliquer ses propres règles déontologiques : l’article ne mentionnera aucun nom et ne fera aucune publicité. Les entreprises invitantes n’exercent d’ailleurs aucune pression particulière car elles connaissent les principes du journal et se contentent de voir leurs activités évoquées dans un article.

Le Monde : En fonction des services

Un comité de rédaction a été organisé sur la question des voyages de presse. Il n’existe pas de règles formelles. Les pratiques varient en fonction des services. Si le service politique les refuse tous, ce n’est pas le cas des autres. La rubrique « tourisme » utilise des encadrés pour expliquer comment sont réalisés les articles.

Ouest France : Peu fréquents et pas annoncés

Les offres de voyages de presse sont peu fréquentes. Quand le cas se présente, la rédaction en chef prend la décision de les accepter ou non.

Peut être acceptée la gratuité des voyages offerts par des agences de tourisme ou par les organisateurs d’événements sportifs particuliers tels que la voile ou l’automobile.

Peuvent également être acceptés des voyages pour une manifestation faisant l’objet d’une contribution du journal.

Il n’est pas précisé dans l’article qu’il s’agit d’un voyage de presse.

Le Parisien/Aujourd’hui en France : Acceptés avec réserve

Certains voyages de presse, notamment dans le domaine du tourisme sont acceptés. Mais le principe suscite toujours beaucoup de réserves. Ils ne sont pas annoncés dans l’article.

Le Progrès : Autorisés et non signalés

La Provence : Autorisés et non signalés

La rédaction centralise les propositions de voyage de presse, prend la décision de les accepter ou non et décide de leur répartition.

Sud-Ouest : Acceptés

Aucun voyage de presse n’induit systématiquement la rédaction d’un article.

Pour le supplément tourisme, les journalistes décident des sujets à traiter et partent sur leurs jours de congé.

Les voyages de presse ne sont pas annoncés dans l’article.

Les frais des voyages de presse « politiques » sont pris en charge par le journal.

Les voyages organisés avec l’armée française ont été acceptés et annoncés en tant que tels dans l’article.

TF1 : Acceptés

La nouvelle direction de l’information n’accepte plus aucun voyage de presse à l’exception des congrès médicaux et des événements politiques (en remboursant les frais de déplacement).

TF1 envoie régulièrement des journalistes « embarqués » avec les armées française et américaine sans toutefois se couper d’autres sources. A l’occasion des essais nucléaires dans le pacifique par exemple, 3 journalistes se sont partagés le travail un avec les militaires, un avec les militants de Greenpeace et un à Papeete.

D’autre part, TF1 essaie toujours de réaliser des sujets périphériques, en-dehors de l’armée.

La pratique de « l’embarquement » est annoncée à la diffusion du reportage.

La Voix du Nord : Autorisés et non signalés

Mid-day : Pas de voyage de presse

Les journalistes ne couvrent les actualités que dans un rayon maximum de 20 kms autour de la ville de référence. Ils ont donc très rarement l’occasion de voyager, et dans ce cas le journal prend en charge tous les frais.

The Hindu : Aucun voyage de presse

Le nombre important de rédactions décentralisées du journal réduit considérablement le territoire couvert par chaque journaliste. Le plus souvent, ceux-ci ne se déplacent que pour les élections, les frais sont alors entièrement pris en charge par le journal.

BBC : Acceptés mais financés

Les voyages de presse sont acceptés à condition qu’ils soient facturés à la BBC.

Le principe du journaliste « embarqué » est accepté s’il n’existe aucune autre possibilité d’accéder à une zone de guerre. Des journalistes sont ainsi partis en Afghanistan et en Irak, avec l’armée britannique, l’armée américaine et avec les talibans. Les conditions de tournage sont alors clairement annoncées à la diffusion du reportage.

The Guardian : Acceptés et annoncés

En 2010, le Guardian a renforcé les règles pour les voyages de presse qui doivent impérativement être annoncés dans l’article.

Le quotidien rembourse les frais occasionnés par un voyage de presse organisé par le gouvernement.

Les reportages « embarqués » étaient depuis longtemps acceptés et systématiquement annoncés.

La Liberté : Tolérés et annoncés

Une règle informelle prévoit que l’article précise qu’il a été rédigé au cours ou après un voyage de presse.

RTS : Acceptés avec restrictions et pas annoncés

Les voyages de presse ne sont acceptés que s’il n’existe aucun autre moyen d’accéder à l’information.

En cas de voyage politique utilisant l’avion d’un ministre, la RTS règle les frais sur facture publique.

Invitée par une entreprise suisse, la RTS calcule le coût du voyage et verse la somme correspondante à une Ĺ“uvre caritative. Les voyages de presse ne sont pas annoncés comme tels dans les sujets, à la différence des professionnels « embarqués ».

Le Temps : Tolérés et annoncés

Les voyages de presse sont tolérés et doivent recevoir une autorisation claire de la direction de la rédaction.

Il en est automatiquement fait mention dans l’article.