1 – Respect des textes normatifs

1.1. Code, charte ?

Dans leur grande majorité, les journaux, radios et chaînes de télévision recensés possèdent un texte interne de référence (code, charte, livre de style…). Préconisations généralistes, précisions très pratiques ou principes rigoureux, les contenus très variés abordent des sujets plus ou moins nombreux. Les changements d’actionnaires ou de formules ont souvent été l’occasion de leurs mises à jour.

Le plus souvent, ces documents ne sont pas accessibles au public et restent mal connus des journalistes eux-mêmes.

Certains textes normatifs sont nationaux et tous les médias doivent s’y référer. La radio Cadena Ser, de son côté, utilise le texte établi par l’autorité catalane de régulation de la presse. La rédaction de The Irish Times, quant à elle, se réfère aux principes édictés par la fondation qui la gère.

Mentions spéciales à Ouest-France qui à partir de sa « Charte des faits divers » (1990) a développé une série de classeurs thématiques, à France Télévisions, à la chaîne allemande ZDF et à la BBC qui ont mis en ligne leur charte, et au quotidien régional La Montagne qui vient de rédiger une charte pour le traitement des faits divers.

1.2. Application de ces codes et chartes ?

Si la plupart des journaux se sont dotés de normes internes, ils ont souvent laissé de côté la procédure par laquelle leur application peut être vérifiée. Cette vérification se fait généralement de manière informelle, en faisant référence à la « culture maison ». Une vigilance collective suffirait donc à ce que les règles - acceptées par la direction comme par les journalistes – soient respectées.

Huit exceptions notables: le « conseil de la rédaction » composé de membres de la direction et de journalistes de La Voix du Nord se réunit tous les 2 mois. Europe 1 organise une réunion d’arbitrage hebdomadaire entre les directions de l’information, des programmes et de la régie publicitaire. Chaque semaine le « comité d’évaluation éditoriale » du brésilien O Estado de S. Paulo donne une note au journal. Un groupe représentant l’ensemble des journalistes de la RNE (Radio Nationale Espagnole) se réunit toutes les semaines pour travailler sur le contenu éditorial de la station. Les deux « comités d’éthique et de déontologie » du Monde ou encore le « comité de déontologie » de la RTBF peuvent émettre des avis. A The Irish Times, le comité éditorial des journalistes d’une part et le conseil d’administration de la fondation Irish Times Trust d’autre part, sont très impliqués dans le respect des principes. Quant à l’allemande ZDF, c’est son « conseil de télévision » composé de membres de la société civile qui est chargé de veiller à l’application des engagements de la chaîne.

2 – Organisation déontologique interne

2.1. Société De Journalistes ?

Environ la moitié des journaux et chaînes de télévision recensés possèdent ce type d’organisation. Elles représentent l’interface entre la rédaction et la direction, possèdent des compétences avant tout déontologiques mais ont souvent peu de pouvoir effectif.

De l’aveu des intéressés, il reste cependant très difficile de mobiliser les journalistes en dehors des moments de crise, tout comme il est ardu pour une telle instance d’être reconnue par l’administration en tant qu’interlocuteur à part entière.

A noter que la SDJ qui regroupe l’ensemble des stations du groupe Radio France connaît un succès indéniable. Entre 80 et 90% des journalistes votent pour sa composition.

A La Libre Belgique, la notion de « capital intellectuel » s’est imposée grâce à la SDJ dont tous les journalistes sont membres de droit.

L’équivalent d’une SDJ à El País – le comité professionnel - met en débat, au sein de la rédaction, les candidatures aux postes à responsabilité.

La Société Civile des rédacteurs de Sud Ouest comprend aussi des ouvriers de l’imprimerie et diffuse une lettre d’information au moins 6 fois par an.

La « Commission Permanente d’étude et de Coopération » du quotidien La Croix n’est pas une SDJ/SDR au sens strict du terme puisqu’elle se compose de membres de la direction et de journalistes élus. Créée en 1964, cette COPEC aborde cependant les questions éthiques à un rythme mensuel.

Au Berliner Zeitung, c’est un comité de 3 journalistes élus par la rédaction qui intervient à la demande sur les questions éthiques.

2.2. Retour critique interne ?

Même si la possibilité de critique existe de façon théorique, une majorité des rédactions ne revient que sur les articles ou reportages qui ont posé problème. Et souvent par comparaison avec les concurrents.

De fait, cette étape de retour sur la production des journalistes est souvent escamotée pendant les conférences de rédaction par manque de temps, de participants, d’envie, de propositions pour résoudre les difficultés…

 

Les évaluations systématiques semblent plus courantes à l’étranger, elles existent en particulier dans les deux quotidiens suisses recensés Le Temps et La Liberté ainsi qu’au Guardian britannique et chez l’allemand Berliner Zeitung qui ouvre même ses réunions matinales à des personnalités invitées à donner leur avis sur le journal de la veille.

 

Après son rachat en 2013, La Provence a mis en place des consultations régulières (toutes les 6 semaines) entre la direction de l’information et la Société des Journalistes.

En plus des quotidiennes, la RTBF et TF1 organisent des réunions critiques hebdomadaires plus longues et largement ouvertes. Toutes les 6 semaines, la chaîne publique belge invite aussi des observateurs « extérieurs » à des « midis de la déontologie ».

2.3. Recherche et rectification des erreurs ?

Aux États-Unis et au Japon, notamment, des rédactions se sont dotées de journalistes spécialisés dans la vérification des informations et de leurs sources, les « fact-checkers ». Ils traquent les fautes, les inexactitudes, rappellent les interlocuteurs pour vérifier une citation…

Parmi les médias recensés, aucun ne possède de procédure de recherche systématique d’erreurs, ni a priori ni a posteriori.

Toutefois dans toutes les chaînes de télévision, les reportages sont visionnés avant la diffusion (au moins 4 fois à TF1), dans tous les journaux les articles sont systématiquement relus (entre 3 et 4 fois au quotidien Le Monde, entre 5 et 6 fois à La Montagne pour les papiers considérés comme “sensibles”.)

A La Vanguardia espagnole, le médiateur peut intervenir de son propre chef si un journaliste a commis une erreur importante.

Accessoirement France 24 procède à des vérifications linguistiques (pour les éditions en arabe) avant la mise à l’antenne.

3 – Liens publicité / rédactionnel

3.1. Lien entre rédactionnel et publicité ?

Il n’existe pas de procédure ou d’outil normatif pour garantir l’indépendance interne des journalistes vis à vis des services publicitaires ou marketing.

Il n’en existe pas non plus pour fixer les critères de publication d’une publicité, tant qu’elle respecte la loi générale. Mais les litiges ne semblent pas si fréquents. Les règles – parfois très précises – restent le plus souvent non écrites, avec une nette priorité au respect des « valeurs » du journal même si celles-ci ne sont pas toujours explicites. Certains se contentent d’éviter de publier côte à côte un article en contradiction avec une publicité, d’autres vont plus loin, comme la plupart des supports de presse belge - y compris le flamand De Standaard qui a ainsi pris l’engagement collectif de refuser les publicités politiques pour les partis d’extrême droite.

Les services « publicité » et « rédaction » entretiennent parfois des relations étroites, d’autant que la publicité évolue sous des formes différentes telles que « parrainages » ou « partenariats ».

The Irish Times ou le Berliner Zeitung défendent haut et fort l’imperméabilité totale entre les services.

Le quotidien Cruzeiro do Sul au Brésil encourage les échanges entre les services éditoriaux et publicitaires. Dans le même sens, le « directeur des contenus » de la radio catalane Cadena Ser est le garant de la cohérence des valeurs sur l’ensemble des programmes, publicités et informations.

Comme La Montagne, Sud Ouest s’est doté de règles très strictes sur la place à accorder à la publicité (le nombre de pages et l’emplacement), et RTL affiche sa « maîtrise » des enjeux à la fois économiques et d’indépendance de sa rédaction.

Mentions particulières au belge Le Soir, à l’espagnol El País ou encore au français Ouest-France qui annoncent clairement leur volonté de rendre visibles leurs valeurs sur l’ensemble de leur pagination.

3.2 Arbitrage sur la publicité ?

Dans la majorité des journaux recensés, les litiges autour de la publication ou non d’une publicité sont traités par les rédacteurs en chef ou les directeurs des rédactions : une preuve de la prédominance des arguments journalistiques développés par le secteur « information » du média.

C’est le cas en particulier à La Croix, Le Figaro, ou Cruzeiro do Sul.

 

Et si la direction générale intervient en dernier recours, ce sont malgré tout les discussions, négociations et consensus qui restent privilégiés (notamment à Libération, au Monde ou au Soir).

3.3. – Cadre pour les parrainages ?

Comment le soutien d’un média à une manifestation culturelle, sportive ou humanitaire est-il encadré d’un point de vue déontologique ? Quelle est la garantie de l’étanchéité entre le service commercial et la rédaction ? Les risques d’autocensure sont-ils toujours écartés ?

Peu de médias reconnaissent les « interférences ».

Lors d’un événement sportif de première importance, la BBC annonce ainsi à l’antenne les règles du contrat de partenariat. La Radio télévision suisse (RTS) revendique haut et fort la séparation totale de ses services, la RTBF en Belgique interdit à son service marketing de rechercher des partenaires en échange d’une couverture éditoriale.

Europe 1 garantit l’intégrité du traitement rédactionnel de ses opérations de partenariat par des échanges hebdomadaires entre la régie, les programmes et la rédaction. Une posture de principe adoptée également par la radio brésilienne CBN.

Sud Ouest a conçu des cadres précis pour trois types différents de suppléments ; La Montagne fonctionne essentiellement avec un système de pré-achats des journaux par ses partenaires ; La Provence a rédigé une charte particulière sur le bon usage des partenariats pour garantir l’indépendance de la rédaction ; et Le Monde les place sous la responsabilité du journaliste concerné par la thématique.

4 – Questions d’éthique professionnelle

4.1. Gestion des voyages de presse ?

Le principe du voyage de presse est majoritairement accepté mais n’est généralement pas annoncé dans les reportages ou les articles. Sont à noter les exceptions du journal britannique The Guardian, de l’espagnol El País, des deux suisses La Liberté et Le Temps, de la radio brésilienne CBN, de France-Inter, de Sud Radio et des radio et télévision publiques espagnoles RNE et TVE, du flamand De Standaard ou encore de The Irish Times.

La radio catalane Cadena Ser en interdit tout simplement le principe.

Certains journaux n’acceptent que les voyages de presse proposés par des organisations ou pouvoirs publics (RNE). Autre variante : l’acception ou le refus en fonction de la rubrique. Ainsi, au quotidien du matin Libération ou au quotidien du soir Le Monde, seuls quelques services (tourisme…) sont autorisés à accepter les invitations.

La BBC de son côté accepte de participer aux voyages de presse mais règle toujours les frais. Un comportement que RTL dit vouloir adopter à terme.

4.2. Conflits d’intérêt avec le propriétaire ?

Cette question est souvent considérée par nos interlocuteurs comme non pertinente, soit parce que leur média est un service audiovisuel public, soit parce que les actionnaires de leurs journaux n’ont d’activités économiques que dans le secteur de la presse. Tous ont fait preuve de beaucoup de retenue sur ce sujet.

En règle générale, les liens entre le journal et le propriétaire, ou le groupe propriétaire, ne sont pas systématiquement rappelés dans un article qui les cite, sauf dans Le Figaro, Libération, le belge Le Soir, le suisse Le Temps, l’espagnol El País ou encore le quotidien marseillais La Provence qui s’est en plus doté de règles très précises pour traiter l’actualité de son propriétaire Bernard tapie, en fonction de son intérêt régional ou national.

Il ressort encore que les journalistes ont beaucoup de difficultés à évoquer leur propre situation, en cas de plan social par exemple.

Seul le brésilien Cruzeiro do Sul reconnaît que la vigilance doit rester quotidienne : cette question est d’ailleurs explicitement traitée dans son Manuel de Procédures Éthiques et Journalistiques. La Croix, quant à elle, a chargé l’un de ses rédacteurs en chef d’être l’intermédiaire avec les propriétaires du groupe Bayard.

4.3. Résistances aux pressions ?

Tous les médias de presse recensés affirment résister aux éventuelles pressions économiques et / ou politiques, sans jamais recourir à aucun dispositif ou procédure formel.

Certains, tels le flamand De Standaard ou la radio polonaise Polskie, reconnaissent ouvertement les régulières tentatives de pression, ainsi que les possibles occasions d’y céder.

Ouest-France annonce des « réponses graduées » pour soutenir ses correspondants locaux, qui en tant que non-professionnels sont sans doute les plus exposés. Le directeur départemental et les chefs d’agence se placent en première ligne pour défendre l’indépendance rédactionnelle, les rédacteurs en chef de la Direction Générale n’interviennent qu’en dernier recours.

 

Une démarche - beaucoup plus incisive - est menée par La Vanguardia qui à plusieurs reprises a dénoncé dans ses colonnes une tentative de pression.

Les chaînes belge RTBF et suisse RTS peuvent les évoquer à l’antenne.

O Estado de S. Paulo n’hésite pas à porter ces affaires devant la justice brésilienne.

4.4. Traitement du fait divers ?

Pas évidente la notion de « faits divers » hors de France, une rubrique pour laquelle la « culture maison » a longtemps gardé beaucoup de sens. On observe donc un mélange – à dosage varié – de règles explicites et d’usages.

La plupart des médias - à l’image de Polskie Radio - reconnaît l’influence grandissante du secteur privé et commercial sur leurs propres règles.

Quelques journaux ont rédigé de véritables vade mecum : le premier a été élaboré par le régional Ouest-France en 1990, il en existe aujourd’hui également à La Voix du Nord, La Vanguardia à Barcelone.

A TV Tem au Brésil, le fait divers n’est traité que lorsque le travail de la police est terminé, le respect des droits humains est hautement revendiqué, les photos et adresses des victimes et accusés ne sont jamais diffusées.

France 24 tente de naviguer entre toutes les règles et coutumes des différents pays dans lesquels elle émet.

Sud Radio n’a pas de charte spécifique mais a nommé un “journaliste référent” sur ce thème.

Une petite minorité de médias déclare encore n’avoir aucune réflexion sur le sujet ou seulement la démarrer.

4.5. Critères de publication des photos / de diffusion des images ?

La plupart du temps, dans les journaux recensés, seuls les étalonnages, retouches et recadrages techniques sont autorisés, à condition de ne pas altérer le sens de l’image.

Les « montages photos » sont parfois tolérés, à condition que le lecteur en soit averti, comme dans le quotidien suisse Le Temps.

« L’intérêt informatif » est revendiqué par les services photo comme par de nombreuses chaînes de télévision. Ce qui permet toutefois une grande liberté d’interprétation.

 

Quelques titres, comme TV Cultura au Brésil, émettent des règles strictes : pas de cadavre ou d’image dégradante, pas de nus ni de sensationnalisme (dont la définition appartient à chaque journal). Sur cette question précise, La Voix du Nord ou le bruxellois Le Soir renvoient à la « culture maison ». D’autres mettent clairement en avant la tradition d’échange et de discussion, comme le quotidien flamand De Standaard.

Dans les légendes du Berliner Zeitung le lecteur peut aussi être prévenu des doutes de la rédaction sur la provenance ou les conditions de prise d’une photo.

Encore faut-il posséder un service photo intégré.

4.6. Quel traitement des images d’amateurs ?

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, les rédactions utilisent régulièrement des documents photographiques et audiovisuels proposés par des non-professionnels.

Ce qui pose les questions légitimes de vérification, de rétribution, d’intégration de matériel informatif amateur, alors que la dimension « participative » n’est pas encore à l’agenda des grands médias.

 

La BBC emploie 6 personnes pour vérifier l’authenticité de ces images et indique à l’antenne leur degré de fiabilité. La radio brésilienne CBN prend elle aussi le temps de vérifier une information apportée par un auditeur avant de la donner à l’antenne ; comme le fait La Montagne avant publication.

TF1 se donne la possibilité de les recadrer et de les remonter ; la mention « document amateur » ainsi que la date de tournage sont systématiquement insérées.

D’un point de vue technique, France 24 analyse les métadonnées des images pour vérifier qu’elles n’ont pas été altérées. A l’inverse de la BBC qui paie rarement, la chaîne française a établi un barème précis de rémunération en fonction de l’importance, de la qualité et de la durée des vidéos utilisées. Le Parisien, Le Progrès ou La Provence ne rémunèrent jamais, au contraire de la station de radio RTL.

4.7. Blogs de journalistes?

Un journaliste est-il tenu de respecter la ligne éditoriale de son média quand il s’exprime en tant que citoyen ? Comment garantir à un professionnel de l’information sa liberté d’expression quand il ne travaille pas ?

Si la question peut paraître prématurée pour un certain nombre de médias, au Brésil notamment, elle émerge clairement en Europe.

 

Un accord d’entreprise à France Télévisions marque une distinction entre les blogs personnels et professionnels : les journalistes doivent toujours préciser s’ils s’expriment à titre privé ou non. Même posture à la radio brésilienne CBN ou à El País, l’espagnol. Les catalans de la radio Cadena Ser en revanche, ne doivent pas indiquer leur appartenance professionnelle sur leurs blogs.

Les journalistes de la RTBF (belge) et de la RTS (suisse) sont tenus de respecter les règles de leur rédaction quand ils interviennent sur des réseaux sociaux.

Quand Le Figaro se contente de « règles de bon sens », TF1 se réserve le droit de sanctionner des journalistes reconnus comme des « signatures » de la chaîne s’ils ne respectent pas l’impartialité réclamée à l’antenne. The Irish Times reconnaît une « zone grise » où l’équilibre entre le professionnel et le personnel reste très délicat.

La BBC, quant à elle, interdit à ses journalistes d’exprimer dans les réseaux sociaux leurs opinions politiques.

4.8. – Travailler « sous couverture » ?

Si la plupart des rédactions s’accordent à penser que les journalistes doivent décliner leur fonction dans l’exercice de leur métier, elles considèrent aussi qu’il existe des exceptions à la règle : dans les pays totalitaires ou en zones de guerre, mais également pour obtenir des informations d’intérêt public inatteignables par les moyens habituels…

Les journaux, les radios, comme les télévisions, utilisent donc le procédé avec parcimonie et autorisation claire de la hiérarchie, comme France 2, TF1 ou la télévision publique espagnole TVE.

La Voix du nord, Sud Ouest, Le Monde, Le Figaro, La Croix, Libération, La Dépêche, France Inter ou encore la Radio Nationale Espagnole, interdisent cette pratique.

The Guardian annonce dans l’article que le journaliste a travaillé « sous couverture ».

Le brésilien Cruzeiro do Sul fait systématiquement connaître le statut du journaliste au moment de la vérification des informations obtenues sous couverture.

5 – Relations avec le public

5.1. Médiateur ?

La majorité des journaux et télévisions recensés n’ont pas ou plus de médiateur, la fonction ne paraît pas installée durablement dans le secteur de la presse. Lorsque le poste existe, il semble d’ailleurs en constante évolution : indépendance par rapport au titre, mode de saisine, visibilité de ses réponses, positionnement par rapport à la rédaction et au public…

Les « ombudsmen » britanniques semblent en revanche les plus pérennes, avec une fonction revendiquée par le média, que ce soit la BBC ou The Guardian.

Mentions spéciales à El País dont le « défenseur des lecteurs » possède une visibilité et une indépendance hors norme ainsi qu’à La Dépêche du Midi dont le médiateur est rémunéré en tant que consultant et non comme salarié du journal, ou encore à Sud Ouest dont le médiateur, en plus de sa rubrique hebdomadaire, remet à la rédaction une lettre mensuelle qui fait un point sur ses échanges avec les lecteurs.

5.2. Rubrique Courrier des lecteurs ?

Les médias qui ne publient pas sur papier ou sur le net leurs échanges avec les lecteurs sont ultra-minoritaires.

Cette rubrique a donc résisté au temps, même si sa structure se retrouve bousculée par le développement des sites web des journaux, des radios ou des chaînes de télévision. Le lecteur n’est plus passif, il devient un rectificateur, un producteur d’informations parfois hyper réactif…

 

A noter que La Voix du Nord a choisi de rendre quotidienne cette rubrique qui était longtemps restée hebdomadaire et que La Croix peut publier jusqu’à 3 pages de courriers de lecteurs, que La Nouvelle République publie une page spécifique depuis 30 ans et qu’à Sud Ouest, c’est le médiateur qui est en charge de cette rubrique.

L’espagnol El País encourage la participation des lecteurs et reçoit environ 350 000 commentaires mensuels sur son site.

Le brésilien Cruzeiro do Sul s’engage à délivrer les messages de ses internautes au service concerné dans l’heure qui suit leur dépôt. Dans le même pays, TV Cultura répond en direct aux téléspectateurs qui ont des questions à poser sur les sujets traités dans le journal.

5.3. Gestion du Droit de réponse ?

Directement liée au cadre légal inexistant ou très contraignant, la procédure du Droit de réponse est aujourd’hui en perte de vitesse. Il faut préciser que ce droit est toujours un peu lourd à gérer quand il n’existe pas de médiateur et que seul le service juridique du titre est sollicité.

Les solutions interactives, rapides et négociées semblent les plus pertinentes ou du moins les plus utilisées, en particulier par le quotidien lyonnais Le Progrès, les régionaux Ouest-France ou Sud Ouest, ce dernier confiant à son médiateur une mission de conciliation préalable.

Au Brésil notamment, la législation est régulièrement contournée par des journaux qui s’octroient le « droit de répondre » en lieu et place d’un « droit de réponse » : une façon régulière de se donner raison. A l’inverse, TV Tem ou TV Cultura accordent facilement ce droit.

5.4. Visites du média ?

Sans doute le champion toutes catégories, Ouest-France accueille 30. 000 visiteurs par an. Pas mal non plus, la politique de la Nouvelle République qui ouvre ses portes à des visiteurs 4 fois par semaine, de Sud Radio ou de Polskie Radio qui reçoivent régulièrement des scolaires de tous niveaux.

Presque tous les jours, des collégiens ou lycéens brésiliens découvrent l’univers de Cruzeiro do Sul. Les visiteurs de la radio brésilienne CBN rencontrent systématiquement un journaliste de la rédaction.

Mention spéciale à La Voix du Nord qui a même aménagé un petit musée.

Ces visites de médias sont assez répandues et connaissent un certain succès. Parfois elles ne s’effectuent que sur demande ou sur réservation, il arrive même qu’elles soient sous-traitées à un partenaire privé.

Moins évident en revanche, le principe de rencontre entre visiteurs et membres de la rédaction, toutefois institué pour les quotidiens suisses Le Temps et La Liberté.

Des petits groupes ont aussi la possibilité d’assister à une conférence de rédaction du quotidien La Croix.

La BBC a mis en place des visites payantes.

5.5. Rencontre entre rédaction et public ?

Ces relations public / journalistes marquent souvent la convergence entre marketing et rédaction (cf. La Voix du Nord, Le Parisien, La Provence…), elles n’alimentent pas nécessairement le « contenu » du média mais s’avèrent utiles pour son développement.

Le quotidien suisse Le Temps mais aussi Ouest-France et La Provence, organisent des réunions avec leurs lecteurs qui apportent des idées de sujets ou leurs avis sur des thématiques précises. Sud Ouest vient de créer une association qui regroupe 1.800 lecteurs pour échanger avec les rédactions, y compris dans les agences locales.

Il arrive au quotidien madrilène El País d’inviter divers experts (en justice ou en économie…) à assister aux conférences de rédaction. Dans sa locale catalane, le public peut participer à des débats sur des thèmes d’actualité.

Deux fois par an, La Croix et La Libre Belgique emmènent quelques dizaines de lecteurs en voyage à thème, alors que Libération organise des forums politiques proposant des débats sur plusieurs jours.

Au Brésil, la radio CBN reçoit en direct les commentaires du public qui peuvent faire évoluer les choix éditoriaux au fil de la journée.

TF1, par le biais de sa fondation, monte régulièrement des échanges entre jeunes de quartiers populaires et présentateurs/journalistes vedettes. Tout comme Cruzeiro do Sul organise régulièrement des débats sur des thèmes qui intéressent ses lecteurs.

La Radio Nationale Espagnole n’organise pas directement de rencontre mais prend le soin d’expliquer par des vidéos très pédagogiques les différents métiers de la presse et la façon de fabriquer l’information.

De son côté, la télévision publique suisse RTS a installé dans chaque canton une Société des auditeurs et téléspectateurs qui interpelle les responsables des « Programmes » et de « l’Actualité » sur l’ensemble des diffusions du mois écoulé.

5.6. Coordonnées des journalistes publiques ?

Dans leur grande majorité, les médias recensés ne rendent pas publiques les coordonnées de leurs journalistes.

Mais, celles des membres de l’équipe rédactionnelle de La Croix ou de la radio espagnole Cadena Ser, sont facilement accessibles sur le site web ; celles des journalistes du Soir sont publiées dans l’ours ; El País ou le Berliner Zeitung misent sur leur présence dans les divers réseaux sociaux ; Le Figaro offre avec le profil de chaque journaliste la possibilité de lui envoyer un mail.

La Provence laisse le choix à ses journalistes de signer leurs articles en ajoutant leur adresse mail ou leur numéro de téléphone.

5.7. Gestion des forums Internet ?

Presque tous les médias – qu’ils soient papier, numériques ou audiovisuels - entretiennent désormais sur le web un dialogue nourri avec leur public par un système de commentaires ou de forums.

Encore très récente dans l’histoire de la presse, l’irruption de lecteurs/téléspectateurs nombreux et réactifs interpelle les professionnels.

 

Les forums sont quasiment tous modérés. A posteriori et par des journalistes au Temps et à la RTS suisses. A priori et en interne au Berliner Zeitung par exemple.

The Guardian et La Libre Belgique se donnent toutefois la possibilité de passer à une modération a priori sur des sujets délicats ou d’actualité chaude. Un principe permanent pour la BBC et pour La Montagne.

Le Parisien/Aujourd’hui en France ainsi que TF1, RTL et Sud Ouest utilisent des prestataires de service externes qui se réfèrent à une charte régulièrement retravaillée par le média.

6 – Environnement et écologie

6.1. Imprimerie verte ?

De moins en moins de journaux possèdent leur propre imprimerie, ils dépendent donc du bon vouloir de leurs sous-traitants sur ces questions écologiques. Reste que dans les entreprises de presse, le secteur industriel est en pleine mutation vers un développement plus durable.

L’imprimerie du Progrès a été construite aux normes HQE ; celle du Soir en Belgique a un projet de « zéro rejet à l’extérieur » et d’une plaque offset sans développement ; le site de Ouest-France est une « installation classée pour la protection de l’environnement » tout comme l’imprimerie de La Montagne et celle de La Nouvelle République labellisée de plus « imprim’vert ».

Les investissements lourds sont d’autant plus facilement consentis que des normes légales existent et que le mouvement semble lancé. La Voix du Nord et Sud Ouest sont proches de la certification, Le Monde a obtenu le label « Imprim’vert » et poursuit ses efforts pour respecter et protéger l’environnement.

6.2. Infrastructure et logistique raisonnées ?

Il n’est pas pertinent d’établir des comparaisons entre les politiques environnementales d’un média brésilien, suisse ou britannique. Les préoccupations prioritaires ne sont pas les mêmes d’un contexte à un autre et de timides efforts font davantage dans le symbolique que dans l’efficacité. La tendance commune est avant tout de mener une politique générale de réduction des coûts.

Et tant mieux pour les effets collatéraux de gestion durable.

Des efforts sont toutefois remarquables sur les questions de mobilité : La Libre Belgique met des vélos à disposition de son personnel, la RTBF investit dans des voitures hybrides ou électriques, les journalistes des rédactions de Sud Ouest à Bordeaux, Angoulême et La Rochelle testent des voitures électriques, France 2 a mis en ligne des formulaires pour encourager le covoiturage.

O Estado de S. Paulo fait porter ses efforts sur la réduction de la consommation d’eau quand TV Tem et TV Cultura se concentrent sur le recyclage des déchets.

Le groupe Bayard, propriétaire du journal La Croix s’oriente vers une certification « HQE exploitation ».

L’ensemble des bâtiments du Progrès et de Sud Ouest sont aux normes HQE.

En termes de recyclage, l’objectif 2013 de la BBC consiste à parvenir à un taux de recyclage des déchets de l’ordre de 75%. La télévision britannique a aussi lancé en 2011 « Albert », un système de calcul des émissions carbone qui permet d’identifier les processus les plus nuisibles dans la fabrication des productions audiovisuelles.

6.3. Fournisseurs durables ?

Dans la crise actuelle, la qualité et le prix demeurent les critères dominants pour des médias en difficulté, d’où l’intérêt incontestable d’une législation nationale, comme celle que la Suisse a mise en place. Depuis 2006, l’indice de performance environnemental (IPE) évalue et compare tous les deux ans l’efficacité des politiques environnementales du monde entier, se basant sur des critères tels que la pollution de l’air, les ressources en eau et la biodiversité.

Ainsi, la Suisse se retrouve régulièrement en tête ou sur le podium des pays les plus attentifs à l’écologie. Une culture et un corpus législatif contribuent ainsi à créer un espace très favorable à la thématique de développement durable dans les entreprises de presse et les inciter à appliquer les règlementations sur les critères d’achat.

 

En France, Le Monde, La Croix, La Nouvelle République et Ouest-France annoncent avoir introduit quelques critères durables que la radio de service public France Inter ou la télévision espagnole TVE introduisent directement dans leurs appels d’offres.

TF1 utilise le système « Ecovadis » pour évaluer la politique RSE de ses fournisseurs. 21 critères environnementaux permettent de choisir les plus performants, à proposition financière équivalente.

O Estado de S. Paulo au Brésil cherche de son côté à travailler avec des fournisseurs certifiés et à jour avec leurs obligations sociales et fiscales.

6.4. – Gestion durable du matériel de tournage ?

Sans surprise, la gestion durable du matériel de tournage n’est pas une préoccupation prioritaire.

La plupart des chaînes de télévision mais aussi des journaux qui commencent à filmer pour leur site web n’en sont qu’au début de la réflexion.

La RTBF belge comme la RTS suisse donnent leur matériel amorti à des écoles de journalisme ou de cinéma.

7 – Aide au développement

7.1. Initiatives d’éducation aux médias ?

La plupart des titres n’organise pas d’action d’éducation aux médias. La participation relève davantage de sensibilité personnelle des salariés que d’une politique d’entreprise.

Bons points à Ouest-France qui a ouvert un site « presse et jeunes », à La Liberté suisse pour laquelle la sensibilisation à la presse est devenue une tradition en 20 ans, à « El País de los estudiantes » , à la RTBF qui participe à la formation « d’éducateurs aux médias » , au Cruzeiro do Sul qui distribue tous les quinze jours 100.000 exemplaires du Cruzeirinho (supplément pour enfants) dans des centaines d’écoles publiques municipales ou encore à The Guardian qui tous les matins dans son Centre pour l’éducation aux médias anime des ateliers à destination d’élèves de 9 à 18 ans.

Depuis 35 ans les actions régionales d’éducation aux médias du quotidien La Montagne sont nombreuses et variées.

La voix du nord, quant à elle, offre un abonnement de 6 mois aux familles d’élèves de 26 classes de primaire ayant rédigé des articles publiés localement. Cette initiative est lancée en partenariat avec l’Académie de Lille.

7.2. Soutien aux médias des pays émergents ?

L’aide aux pays émergents n’est pas une donnée historique du secteur de la presse, d’autant moins quand elle subit une crise financière.

Néanmoins le quotidien de Fribourg La Liberté qui reste discret sur les actions solidaires du groupe auquel il appartient, héberge l’agence de presse internationale catholique. Le journal La Croix a lancé deux revues francophones panafricaines à destination des jeunes pour promouvoir la lecture par la presse. En Bretagne, Ouest-France soutient deux structures internes pour le développement de la presse écrite dans des pays en voie de démocratisation du sud et de l’est.

Par l’intermédiaire de la Fondation Varenne qui est l’un de ses actionnaires, La Montagne s’implique de plusieurs manières dans l’aide à la presse des pays émergents ou en difficultés : formation de journalistes au Mali, Maroc ou Roumanie, soutien à la Maison des journalistes à Paris qui accueille des journalistes exilés, envoi de matériel à Haïti après le séisme…

France 24 a réagi assez vite au « printemps arabe » : son « académie » a été créée en avril 2011 et a envoyé, notamment en Tunisie, du matériel et surtout des journalistes pour aider leurs confrères à développer une presse libre. Depuis, l’ensemble du groupe auquel la chaîne de télévision appartient France Médias Monde, a affirmé son projet d’implication accrue dans des actions de coopération.

La radio France Inter intervient régulièrement au Maghreb ou en Afrique de l’ouest pour former les journalistes locaux.

Le BBC World Service Trust reste sans doute l’un des organismes les plus impliqués dans la coopération internationale. Grâce à des donateurs, le groupe britannique a monté la « Socially responsible media platforms for the Arab world », un programme d’aide à la production d’une information indépendante notamment au Yémen, en Syrie ou au Liban.

8 – Pratiques sociales au-delà des obligations légales

8.1. Formation continue ?

Les obligations légales (quand elles existent) sont déclarées comme étant respectées, voire dépassées. Les formations des journalistes sont essentiellement techniques (logiciels, vidéo…) ou s’intéressent au droit de la presse, et le plus souvent à l’anglais.

Certains journalistes participent financièrement ou prennent des congés pour suivre une formation.

La crise laisse peu de marge et les employeurs n’encouragent guère les formations qui ne sont pas directement en lien avec le travail du salarié.

La Libre Belgique et la RTBF font de gros effort sur les formations au web ou à la participation aux réseaux sociaux. A ces sujets, France 2 ajoute une sensibilisation à l’approche de la diversité et de la lutte contre les stéréotypes.

Les journalistes de la Radio Nationale Espagnole ont des obligations de formation et sont pénalisés en cas de manquement. Radio Barcelona de Cadena Ser a fait de la formation professionnelle de ses journalistes une priorité absolue.

La Croix et Ouest-France se distinguent avec notamment pour le premier quotidien « l’université Bayard », et pour le second des rappels sur les fondamentaux du métier ainsi qu’une attention particulière sur la thématique de l’Europe.

8.2. Transparence des rémunérations ?

Il faut déjà s’entendre sur la notion même de transparence salariale ; le caractère public d’un bilan social ne se place pas au même niveau qu’une visibilité des rémunérations poste par poste.

Quoi qu’il en soit, l’existence d’une convention collective garantit le respect d’une grille professionnelle dans presque tous les cas, même si les systèmes de prime ou d’intéressement demeurent obscurs.

Seule Libération, de par son histoire, diffuse chaque année la grille des salaires. Il suffit de connaître la fonction exacte d’un salarié de La Montagne pour connaitre son salaire, la grille étant publique. Le quotidien catholique La Croix présente sur son intranet les planchers et plafonds de sa grille. Les Intranet de la chaine belge RTBF et de la suisse RTS contiennent la grille des salaires. Seuls les membres du Comité d’Entreprise de La Vanguardia peuvent consulter la leur.

Le salaire et les notes de frais des cadres dirigeants sont consultables sur le site de la BBC et le statut public de la TVE espagnole garantit l’aspect public des salaires.

8.3. Bénéficiaires de la taxe d’apprentissage ?

Quand elle existe, la taxe d’apprentissage est versée en priorité pour la formation des journalistes, comme le font par exemple Libération et Ouest-France, avec une participation aux autres métiers de la presse ; viennent ensuite des formations techniques ou encore des formations liés au commerce ou à l’informatique… comme c’est le cas à Sud Ouest, au Parisien/Aujourd’hui en France, à TF1 ou au Figaro.

La Croix applique une proportionnalité directe entre les métiers exercés dans le groupe et les centres de formation leur correspondant.

France 2 verse 10% de sa taxe à des collèges et lycées situés en zone d’éducation prioritaire.

Cette taxe reste cependant une spécificité française.

9 – Responsabilité Sociale des Entreprises

9.1. Responsabilité Sociale des Entreprises ?

Le plus souvent, la Responsabilité Sociale des Entreprises n’est pas ou peu prise en compte par les entreprises de presse qui ne sont pas cotées en bourse et qui ont donc une obligation légale.

Les médias n’ont pas encore véritablement investi ce domaine. En revanche, elle peut être traitée de façon partielle, voire informelle, dans la mesure où chaque media met ce qu’il veut dans cette thématique de « responsabilité sociale ».

Un poste dédié à la Responsabilité Sociale des Entreprises a été créé au niveau du groupe Prisa auquel appartient le quotidien El País, tout comme à France Télévisions. Le groupe audiovisuel public n’a toutefois toujours pas publié de rapport extra-financier.

De son côté La Nouvelle République affirme une volonté profonde de se saisir de ces questionnements de responsabilités sociétales.

Le « comité de durabilité » de O Estado de S.Paulo s’intéresse en particulier à l’intégration des minorités.

La Croix et le groupe Bayard semblent s’acheminer vers une cohérence plus assumée de leurs efforts culturels, sociaux et écologiques. Si le sigle n’apparaît pas encore, il se profile.

Enfin TF1 est à l’origine de la création du Forum RSE Médias en France qui rassemble les groupes de presse les plus importants. Europe 1 (Lagardère) et France Télévisions se sont donc récemment lancées dans cette dynamique.