Panorama des démarches éthiques de presse

2014 est la 5ème ÉDITION DU PANORAMA : 9 PAYS, 9 CHAPITRES, 33 CRITÈRES, 26 JOURNAUX, 11 RADIOS, 10 TÉLÉVISIONS.

Effectivement la presse est en crise, effectivement elle semble davantage subir que maîtriser les profonds bouleversements du secteur.

Mais en parallèle et au-delà de la critique négative, les professionnels ont tous des raisons d’être fiers d’un ou de plusieurs aspects isolés de leur média : une obligation de multiplier les sources, une façon de traiter les erreurs, un lien original avec le public, une préoccupation environnementale, la gestion des rapports entre la publicité et l’information…

Enfin le public - à la fois consommateur et citoyen - réclame une information fiable et crédible.

L’Alliance internationale de journalistes, par sa préoccupation constructive et propositionnelle, poursuit donc son programme d’identification des pratiques et démarches responsables et éthiques dans 44 médias de presse en Allemagne, Belgique, Brésil, Espagne, France, Irlande, Pologne, Royaume-Uni et Suisse.

Définition des « pratiques/démarches responsables »

Puisque la qualité dépend avant tout des conditions de fabrication (collecte, production, diffusion, suivi), ce recensement s’intéresse à la chaîne de production de l’information et non à son contenu.

Un processus responsable devrait favoriser l’application de :

la déontologie définie par les différents codes et chartes de la profession.
l’éthique définie par la déclaration universelle des droits de l’homme, la charte de l’ONU, la charte de la terre et la charte des responsabilités humaines.
l’ensemble des principes qui fondent le développement durable.

Pas de certification mais une sensibilisation

L’objectif n’est pas de certifier ou de labelliser un média. Le recensement sert en revanche d’outil d’analyse et de comparaison, à chaque partenaire ensuite d’en tirer ses propres conclusions, ses marges et possibilités de progression.

L’aspect comparatif des résultats aide chaque titre à se situer par rapport aux autres.

Cette spirale vertueuse se développe dans un esprit de collaboration et non de compétition. Elle permet ainsi aux uns de faire une simple évaluation de leurs bonnes pratiques, aux autres d’en développer de nouvelles, aux autres encore de les revendiquer et d’agir en commun pour les imposer.

Les médias recensés

Pour l’édition 2010, il a été choisi de ne traiter que des quotidiens d’information générale, nationaux ou régionaux.
L’édition 2011 s’est enrichie de nouveaux journaux (25 en tout) mais également de chaînes de télévision (8).
Le cru 2012 ajoute des radios (La belge RTBF, la brésilienne CBN, les espagnoles Rádio Barcelona de Cadena Ser et RNE, la Suisse RTS, les françaises Europe 1, France Inter, RTL et Sud radio). Deux quotidiens régionaux, La Montagne et La Nouvelle République, ainsi que deux chaînes de télévision, News TV9 en Inde et TVE en Espagne, rejoignent les médias recensés. Mais l’édition 2012 perd également deux journaux de presse écrite: l’espagnol Público qui a arrêté sa publication et Valor Económico qui n’a pas souhaité apparaître cette année dans notre recensement.
2013 est l’année de la consolidation des informations.
L’édition 2014 s’est davantage européanisée en travaillant sur des supports de presse allemands, polonais ou irlandais.

Ces médias se situent dans des régions du monde où l’alliance internationale de journalistes possède des contacts privilégiés. Il était aussi important de ne pas se cantonner à des pays européens, donc dits « développés » mais de conserver le recensement de médias d’un pays « émergent » comme le Brésil.

La méthode du recensement

Entre l’ajout de critères (33 aujourd’hui), la découverte de nouveaux participants et l’actualisation des anciens, le travail s’étale chaque année sur plusieurs mois.

Divers professionnels de chaque média répondent à notre questionnaire, envoyé par mail et le plus souvent repris par téléphone.

Quelques visites ont pu être menées.

Les fonctions, disponibilités et intérêts de nos interlocuteurs rendent le niveau et la consistance des réponses très hétérogènes. Certains d’entre eux n’ont pas toujours « jouer le jeu » et plusieurs cases comportent la mention « NC » (non communiqué). Nous avons quand même choisi de maintenir l’ensemble pour l’intérêt de leurs autres réponses.

Les informations contenues dans le recensement reposent donc sur les déclarations des intéressés mais n’ont pas fait l’objet de vérification par un tiers extérieur.

L’étape suivante

Elle consistera sans doute à poursuivre les mises à jour et à élargir le recensement à d’autres médias. Qu’il s’agisse de journaux à périodicité différente (hebdo, mensuels…), d’autres supports (internet), l’objectif reste celui de multiplier le nombre de partenaires et de développer avec eux une dynamique, à la fois interne et externe, autour de ces questions de démarches responsables.

Ce site devient un centre de ressources et d’échanges d’expériences.

Les multiples bénéfices de ce recensement

Ce programme est utile aux individus comme au collectif et aux différentes parties prenantes des médias de presse : les professionnels journalistes ou non, les annonceurs et partenaires, les usagers et clients, les pouvoirs publics…

Ses données peuvent être utilisées par chaque titre comme outils de valorisation et d’approfondissement d’une démarche souvent parcellaire et qui se présente rarement comme un véritable projet d’entreprise.

Vers une Responsabilité Éthique des Entreprises de Presse

Ce recensement des démarches responsables est lié à la prise en compte de l’aspect spécifique de l’information dans une économie de marché. Le contexte de la crise économique de la presse est sans doute l’occasion pour elle de se doter d’une « démarche qualité » aujourd’hui très répandue en industrie.

Quelques initiatives pour adapter la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) au secteur des médias se développent à travers le monde avec notamment la création en 2001 du « Media CSR Forum » en Grande Bretagne, puis celle d’un équivalent en Europe du nord.

Aujourd’hui en France convergent une obligation légale de rapports extra financiers pour certaines catégories d’entreprises et une volonté de travailler sur les impacts spécifiques des médias sur l’ensemble de la société.

En 2012 et à l’initiative de TF1, les plus grands groupes français ont ainsi créé le « Forum RSE Médias » pour travailler cette thématique ensemble. Un guide a été publié en 2014 « La RSE dans le secteur des médias ».

Notre ambition est d’aller dans ce sens et de valoriser tout particulièrement les critères éthiques et déontologiques, vers une démarche de « Responsabilité Éthique des Entreprises de Presse ».