Archives 2013

4.2. – Quelle résolution des conflits d’intérêt avec le propriétaire ?

Comment protéger le contenu éditorial d’un journal des intrusions de son ou ses propriétaires ?

Faut-il signaler aux lecteurs que telle entreprise citée dans un article appartient par exemple au même groupe que le journal ou la chaîne de télévision?

Les médias de presse se sont-ils dotés d’outils précis et de procédures claires pour gérer les éventuels conflits d’intérêt politiques ou économiques ?

Réponses complètes

La Libre Belgique : Transparence

La Libre Belgique est gérée par une société familiale, unique actionnaire. Lorsque l’administrateur général s’exprime dans les colonnes du quotidien, sa fonction est précisée.

RTBF : Sans objet

Le Soir : Mention des liens

Le titre est détenu par un groupe de presse, la question des conflits d’intérêts ne se pose donc pas. Néanmoins, tout article faisant référence à une entreprise filiale du groupe précise le lien de subordination.

Cruzeiro do sul : Vigilance quotidienne

L’indépendance du journal est assurée par le « compromis historique » reportés dans la charte éthique interne. Cette liberté reste cependant à conquérir tous les jours.

O Estado de S. Paulo : Au cas par cas

Selon tous les témoignages, une telle situation de conflits d’intérêt est rare puisque la famille Mesquita, propriétaire du journal, a été écartée des décisions éditoriales depuis que l’administration a été professionnalisée. Cependant, quand le cas se présente, le Conseil d’Administration se saisit de la question et prend la décision finale.

Rádio CBN : Non pertinent

Aucun conflit de ce type depuis la création de la radio. L’intérêt qui prévaut est celui du public.

TV Cultura : Pas d’interférence

Le cas ne s’est jamais produit. TV Cultura appartient à une fondation publique de droit privé et n’a jamais subi de tentative de pression, que ce soit de la part de l’administration de la Fondation ou d’un membre du gouvernement de l’État de SP -principal financeur de la Fondation Padre Anchieta.

Les dernières histoires d’ingérence éditoriale de la part du gouvernement remontent à l’époque du régime militaire.

TV TEM : Pas de conflit

TV Tem est une filiale de TV Globo dont le propriétaire est un entrepreneur en communication qui dirige un groupe de gestion familiale comprenant un réseau de journaux de presse écrite, des immeubles, des associations sportives…

Toute information sur ses diverses activités peut être diffusée librement. Le propriétaire, J. Hawilla est d’ailleurs réputé pour défendre activement l’indépendance de la chaîne.

El País : Mention des liens

El País fait partie du grand groupe multimédia Prisa qui possède également d’autres entreprises éditoriales, cinématographiques ou musicales, pouvant faire l’objet d’une information de presse. La règle consiste alors à préciser leur appartenance au groupe lorsque l’article évoque ces structures commerciales, mais pas d’obligation lorsqu’il s’agit de leurs produits ou productions.

Rádio Barcelona - Cadena SER : Expression des deux parties

Cadena Ser appartient au Groupe Prisa dont le Président est Ignacio Polanco. Si un conflit implique l’un des actionnaires du Groupe, Radio Barcelona l’en informera et permettra alors qu’il puisse également s’exprimer à l’antenne.

RNE : Pas de conflit

L’unique propriétaire est l’État et aucun conflit d’intérêts n’est survenu jusqu’à présent.

(NDLT : il n’est question ici que de la période moderne, après l’avènement de la démocratie)

TVE : Une garantie structurelle

Pour garantir les libertés des informateurs face aux possibles ingérences des propriétaires du Média ou des groupes de pression, le Groupe RTVE compte sur son Statut de l’Information .

La Vanguardia : Question non pertinente mais…

La Vanguardia est la propriété d’une famille qui n’est pas impliquée dans d’autres activités que la presse.

En quelques rares occasions, lors d’une actualité très particulière, il est arrivé que le propriétaire demande que ses opinions personnelles soient reprises, l’éditorialiste a refusé sans autre conséquence.

La Croix : Un prêtre comme intermédiaire

Rédacteur en chef parmi 5 autres, celui-ci ne joue pas le rôle de « censeur » ou de « voix de son maître » mais peut toujours donner un avis. Le journal veut s’adresser à tous les catholiques sans distinction, il ne serait pas de son intérêt de favoriser une branche religieuse particulière.

A contrario, le quotidien ne s’interdit pas non plus de rédiger des articles sur les assomptionnistes (propriétaires de La Croix) quand le sujet se justifie.

La Dépêche du Midi : Question non pertinente

Le titre appartient à un groupe qui ne travaille que dans la presse ; la question des conflits d’intérêts ne se pose donc pas.

Europe 1 : NC

Le Figaro : Liens structurels mentionnés

Dans le cas d’éventuels conflits d’intérêt, notamment lorsqu’il s’agit d’articles sur une des filiales du groupe Dassault, propriétaire du titre, il est fait mention dans l’article, des liens structurels.

France 2 : Sans objet

France 24 : Sans objet

France Inter : Demeurer indépendant

Libération : Une règle ferme

Dès qu’un des actionnaires ou membres du directoire est cité dans un article, il est systématiquement fait mention de son lien avec Libération.

Le Monde : Diverses mesures

Si un membre du conseil de surveillance est nommé dans un article, sa fonction au sein du journal est rappelée.

Si un groupe présent au capital du Monde est cité dans un article, les liens structurels avec le quotidien sont indiqués.

En revanche, rien n’est précisé en ce qui concerne la publicité ou les accords commerciaux.

La Montagne : Pas de conflits

Cela tient à l’histoire du titre (fondé par le journaliste et député socialiste Alexandre Varenne) et au fait que Jean-Pierre Caillard, le PDG du groupe La Montagne-Centre-France, également secrétaire général de la Fondation Varenne (qui Ĺ“uvre pour « la promotion d’une presse libre et éclairée ») était lui-même journaliste. Décédé soudainement le 21 mars 2012, son poste de PDG a été laissé vacant. Sa femme, Edith Caillard, lui a succédé à la présidence du conseil d’administration du groupe Centre-France et c’est un journaliste, Pierre Gironde, directeur des rédactions, qui a été nommé directeur général délégué du groupe (au côté du directeur général Michel Habouzit).

La Nouvelle République : Pas de conflit

C’est un groupe de presse, le groupe Centre-France, qui est l’actionnaire majoritaire (à raison de 16%) depuis 2010. Le conflit ne peut pas exister.

Ouest France : Ne se pose pas

Le propriétaire du titre est un groupe spécialisé dans les médias.

Le Parisien/Aujourd’hui en France : Ne se pose pas

Le titre est propriété d’un groupe qui n’a pas d’autre activité que la presse.

Le Progrès : Pas de règle formelle

Les conflits d’intérêts peuvent exister comme par exemple dans une affaire d’entente illégale entre plusieurs banques dont le Crédit Mutuel, actionnaire du groupe qui détient le quotidien. L’article publié dans le Progrès n’a pas mentionné l’implication de la banque dans cette affaire.

La Provence : Des règles très claires

La rédaction pour préserver son indépendance annonce des règles précises, notamment quand Bernard Tapie est cité dans le journal, il est systématiquement présenté comme son propriétaire.

Si l’actualité de Bernard Tapie relève d’un périmètre national, la Provence a choisi la « neutralité » et reprend une dépêche de l’Agence France Presse.

Évidemment si l’intérêt relève de la région de diffusion du quotidien, l’actualité est traitée directement par la rédaction.

RTL : Pas de conflit

Le propriétaire est un groupe de presse européen : RTL se positionne un peu comme un « satellite de l’empire ». Les relations entre la direction de la station et les actionnaires restent totalement étanches.

Sud Ouest : Pas de conflit à ce jour

Sud Ouest est une entreprise familiale détenue à 80% par la famille Lemoine, les 20% restants appartiennent aux journalistes et aux ouvriers du livre.

Sud Radio : Pas de conflits d’intérêts

TF1 : Pluralité

La rédaction part du principe que l’identité du propriétaire est connue de tous, aucune précaution spécifique n’est donc prise pour traiter les activités du groupe propriétaire.

En revanche la direction de la rédaction tient à ce que la parole soit donnée à tous les acteurs d’un même marché, y compris aux opérateurs de téléphonie.

La Voix du Nord : Question non pertinente

Le titre est détenu par un groupe de presse qui n’a pas d’autre secteur d’activités que les médias.

Mid-day : Dialogue et code de conduite

La plupart des conflits sont résolus par le dialogue, sinon les principes du « livre de conduite » s’appliquent automatiquement.

Ils relèvent le plus souvent d’opposition entre la rédaction et les équipes de publicité ou de marketing.

The Hindu : Par le dialogue

Les conflits d’intérêt sont rares et sont généralement résolus par le dialogue.

TV News 9 : La direction s’en charge

BBC : les textes de référence

Entre la charte royale qui a créée la BBC puis la succession de « guidelines », « guidance » et textes de référence en tous genres, il semble que tous les cas de conflits d’intérêt ont été prévus. Ces manuels tantôt de principes et tantôt de procédures ont fait du groupe audiovisuel public l’une des références mondiales en matière d’indépendance.

The Guardian : Transparence

Si The Guardian évoque une société qui appartient au Guardian Media Group, il en fait mention.

Même principe s’il est question de quelqu’un qui travaille ou a travaillé pour le groupe.

La Liberté : Ne se pose pas

Le titre appartient à un groupe qui travaille exclusivement dans le secteur de la presse.

RTS : Sans objet

La RTS est une unité d’entreprise de la SSR, qui est une entreprise privée au bénéfice d’un mandat public (concession). En tant que telle, elle est indépendante du gouvernement.

Son conseil d’administration nomme son président.

Le Temps : Des règles précises

Les conflits d’intérêt avec les actionnaires majoritaires du groupe (Groupe Edipresse et Groupe Ringier) sont rares puisqu’il s’agit de groupes de presse. Néanmoins, dès qu’un article fait mention d’un des actionnaires du titre, il est automatiquement fait mention de sa qualité d’actionnaire et du montant de sa participation au capital.