4.8. – Quelles conditions pour travailler « sous couverture » ?

Texte essentiel à la déontologie, la charte de Munich de 1971 précise que le journaliste ne doit pas « user de méthodes déloyales pour obtenir des informations, des photographies et des documents ».

Si la plupart des rédactions s’accordent à penser que les journalistes doivent impérativement décliner leur fonction dans l’exercice de leur métier, elles considèrent aussi qu’il existe des exceptions à la règle, dans les pays totalitaires ou en zones de guerre mais également pour obtenir des informations d’intérêt public inatteignables par les moyens habituels…

A quelles conditions un journaliste peut-il travailler sous couverture ?

Réponses complètes

Allemagne

Berliner Zeitung : Rares

Il est très rare que les journalistes du Berliner Zeitung soient confrontés à la nécessité de travailler sus couverture. Il n’existe donc pas de règlement interne. Au besoin, la rédactrice en chef décidera en dernière instance.

ZDF : Rien d’officiellement défini

Belgique

De Standaard : Rares

De Standaard n’utilise que rarement cette méthode d’investigation, qui revient plutôt aux journalistes de télévision.

Le travail sous couverture n’est autorisé que si aucun autre moyen n’est possible, et il ne s’intéresse qu’à des informations de très haut vol. Une règle est alors systématiquement appliquée : la partie mise en cause est contactée a posteriori afin de lui donner la possibilité de s’exprimer.

La Libre Belgique : Exceptionnelles

La nature de l’enquête doit justifier le recours à ce procédé. « Est-il indispensable pour obtenir une information d’intérêt public ? Pour une enquête dans des milieux criminels, par mesure de protection en zone de guerre, pourquoi pas… Mais le principe doit rester exceptionnel. »

Le Soir : En cas de nécessité

Cette pratique n’est autorisée que s’il n’existe aucune possibilité pour récupérer l’information ou s’il s’agit de se protéger dans une situation dangereuse.

En tous cas, le journaliste doit obtenir l’autorisation de sa hiérarchie.

RTBF : En cas de nécessité absolue

Le journaliste doit faire le maximum pour avancer non masqué. Les caméras cachées sont autorisées s’il est impossible d’obtenir les informations autrement (sujet consommation par exemple) et seulement avec l’accord de la direction de l’information.

Brésil

A Folha de S. Paulo : Très rares

Les journalistes du quotidien n’omettent de décliner leur identité que de façon très exceptionnelle et les seules les informations revêtant un réel intérêt public seront diffusées.

Cruzeiro do sul : Autorisée mais info vérifiée

Un journaliste peut obtenir une information sans se présenter en tant que tel.

En revanche et dans un deuxième temps l’un de ses collègues, se revendiquant journaliste, ira la vérifier.

O Estado de S. Paulo : Pratique non autorisée

Rádio CBN : Exceptionnellement

Les autorisations sont décernées par la rédaction en chef et seulement quand le travail sous couverture est la seule option pour sortir une information d’intérêt général.

TV Cultura : Jamais

TV TEM : A manier avec des pincettes

La pratique de l’enregistrement ou de la caméra cachés est autorisée pour accéder à des informations sensibles comme la corruption ou le détournement de fonds publics. L’intrusion dans l’intimité pose toujours des questions éthiques et il faut donc vraiment que l’information en vaille la peine.

Espagne

El País : Pratique rarissime

Un journaliste de El País doit toujours se présenter en tant que tel. Sauf conditions très exceptionnelles (pays en guerre par exemple).

La Vanguardia : Pratique non prévue

Cette pratique n’est prévue ni dans le Livre de style ni dans les Statuts de la Rédaction. Elle reste par conséquent à la discrétion du journaliste.

Rádio Barcelona - Cadena SER : Jamais

Les journalistes de Radio Barcelona doivent toujours s’identifier en tant que tel.

RNE : Pratique interdite

Ce procédé est strictement interdit à la RNE. En aucun cas un journaliste ne peut travailler sans décliner son activité professionnelle et son média.

TVE : Rarissimes

Il n’est pas prévu ni possible qu’un journaliste de TVE travaille sous couverture. Uniquement, en cas très exceptionnels et comme ultime recours, l’utilisation de caméras et micros cachés peuvent être justifiés, lorsque par exemple il s’agit de démontrer l’existence de pratiques illégales ou délictueuses qui touchent l’intérêt public. Pour se faire, les journalistes doivent obtenir l’autorisation de la direction de la TVE qui soumettra la situation à la connaissance et à l’approbation de ses conseillers juridiques, afin de travailler avec les précautions dues et conscients des limites auxquelles doivent se soumettre les informateurs.

France

Europe 1 : Au cas par cas

La direction de l’information n’est pas opposée au principe mais ne l’encourage pas forcément non plus. La stratégie retenue est celle de l’évaluation, au coup par coup.

France 2 : Sur autorisation

L’utilisation de caméras ou de micros cachés doit être validée par la direction de l’information. Elle est autorisée exclusivement pour obtenir une information d’intérêt général.

Les personnes filmées sont rendues anonymes, le procédé de « la couverture » est expliqué à la diffusion du reportage.

France 24 : S’il n’y a pas d’autre choix

France 24 n’autorise cette pratique que dans les pays où le journalisme à visage découvert est impossible. Dans un contexte démocratique, des journalistes expérimentés peuvent avoir utiliser des caméras cachées pour certains types de sujets.

France Inter : Interdit

La Croix : Pratique interdite

La Dépêche du Midi : Proscrit

La Montagne : Rare

Ce type de reportage n’est pas encouragé.

La Nouvelle République : Interdit

La Provence : Libre appréciation du journaliste

Le choix de rechercher des informations sans décliner son identité de journaliste est laissé à la libre appréciation des journalistes, une pratique qui doit néanmoins rester très exceptionnelle.

La Voix du Nord : Interdit

Le Figaro : Proscrit

Le Monde : Interdit

Travailler sans décliner son identité de journaliste est considéré comme une faute professionnelle. Sauf si la vie du journaliste est en danger.

Le Parisien/Aujourd’hui en France : Au cas par cas

Le journaliste doit travailler en toute transparence et le travail sous couverture doit se faire au cas par cas.

Le Progrès : Interdit sauf nécessité vitale

Un journaliste ne pourrait cacher son statut professionnel qu’en cas de grave danger.

Libération : Aucune

Ouest France : Pratique proscrite

Le premier principe de la charte photo de Ouest France précise que les photos volées sont proscrites. Il est également interdit d’utiliser des « moyens déloyaux » pour obtenir une information.

RTL : Très rare

Pour des raisons évidentes d’équipement…

Sud Ouest : Pratique interdite

Les journalistes ne sont pas autorisés à travailler en dissimulant leur identité et leur appartenance au journal.

Sud Radio : Quasi-inexistant

Les journalistes ne réalisent plus d’enquêtes de ce type.

TF1 : Autorisation nécessaire

Dès lors qu’un pays est fermé, la rédaction considère qu’elle a le droit d’aller voir ce qu’il s’y passe et de le relater.

Hors zone de conflit, les journalistes expérimentés de la cellule « enquête » peuvent travailler sous couverture, le plus souvent pour des sujets de société ou d’économie.

Irlande

The Irish Times : Interdit

Pologne

Polskie Radio, kanal 3 : Méthode non utilisée

Royaume-Uni

BBC : Sur autorisation

Les caméras cachées doivent être validées en amont par la hiérarchie et/ou par le service de contrôle de la politique éditoriale.

La BBC entre « sous couverture » dans les pays totalitaires.

The Guardian : Sur autorisation

Si un journaliste considère qu’une information ne peut pas être obtenue autrement, il doit alors faire une demande spéciale à son rédacteur en chef. Il en sera fait mention dans l’article.

Suisse

La Liberté : Exceptionnellement

Cette pratique n’est pas habituelle mais la rédaction peut y avoir exceptionnellement recours s’il n’existe aucun autre moyen d’obtenir une information.

Le Temps : Rare et sur autorisation

Le travail sous couverture n’est autorisé par le rédacteur en chef que s’il est indispensable pour obtenir une information d’intérêt public.

RTS : Intérêt public majeur

Le procédé n’est autorisé que pour obtenir des informations d’intérêt public majeur. La dernière fois où ce procédé a été utilisé ce fut pour infiltrer un mouvement néo nazi.