2.3. – Quels systèmes de recherche et de rectification des erreurs ?

Existe-t-il un processus formalisé de recherche d’erreurs avant la publication/mise en ligne des articles ou la diffusion des sujets ? Ou même après ?

Aux États-Unis ou au Japon, des rédactions se sont dotées de journalistes spécialisés dans la vérification des informations et de leurs sources, les « fact-checkers ».

En cas d’information fausse – d’une mauvaise orthographe à un contresens en passant par une inexactitude ou une citation mal attribuée - comment les rectifications sont-elles apportées ? Quand ? Et selon quelle procédure ?

Réponses complètes

Allemagne

Berliner Zeitung : Trois relectures

Tout article est relu au moins trois fois avant sa parution.

Les erreurs graves seront admises et corrigées par un rectificatif toujours situé en page 4 (page « Opinions »).

ZDF : Pas de service spécifique mais…

Aucun système spécifique n’est prévu, mais c’est toute la chaîne de l’information qui est pensée pour éviter les erreurs, du rédacteur jusqu’au rédacteur en chef, et parfois même la direction juridique dans les cas très délicats.

Belgique

De Standaard : En amélioration

Le quotidien n’a pas les moyens financiers de se doter d’un service ni même d’un poste pour une vérification d’information systématique ("fact-checking") mais le cheminement du travail journalistique jusqu’à la publication assure la relecture des articles par plusieurs personnes.

En 2013, une étude réalisée par l’Université de Gand (Gent) a recherché les erreurs, fautes ou approximations dans 500 articles du journal sur une période de deux mois. L’exercice a pu être parfois douloureux mais il a permis d’augmenter la vigilance de la rédaction.

La Libre Belgique : Vérifications

Avant publication, tous les papiers sont relus au minimum par un chef de service. Pour les sujets « sensibles », les interactions entre le journaliste et le rédacteur en chef sont beaucoup plus nombreuses pendant le travail d’enquête.

Le Soir : Par les journalistes

Les journalistes assurent eux-mêmes le suivi et la rectification de leurs erreurs.

RTBF : Pas de recherche systématique

Normalement chaque sujet est visionné par un cadre avant de passer à l’antenne, une procédure parfois bousculée quand les sujets arrivent au dernier moment.

Les erreurs sont rectifiées mais il n’existe pas de système de recherche systématique.

Brésil

A Folha de S. Paulo : Une rubrique quotidienne et un formulaire en ligne

La correction des erreurs sont reportées dans la rubrique quotidienne « Erramos » (Nous nous sommes trompés) du journal papier.

Sur le site, un formulaire en ligne permet au lecteur et à l’internaute de signaler toute erreur qu’il pourrait trouver.

Cruzeiro do sul : Le rédacteur en chef

La rédaction en chef vérifie les erreurs qui sont alors corrigées dans l’édition suivante.

O Estado de S. Paulo : Par la rédaction et a posteriori

La section « Erramos » (nous avons fait une erreur), présente dans chaque édition quotidienne, publie les rectificatifs des erreurs constatées par la rédaction.

Rádio CBN : NC

TV Cultura : Aucun formellement mais

Toutes les informations font l’objet d’une enquête minutieuse, en respectant les règles qui consistent à entendre toutes les parties et à maintenir une posture éthique. Toutes les sources sont systématiquement vérifiées.

Si toutefois une erreur est commise, la rectification intervient le plus vite possible, en direct pendant le journal télévisé ou dans le programme suivant.

Tous les journaux télévisés peuvent recevoir les commentaires du public par emails mais aussi par Twitter, Facebook ou Whatsapp.

TV TEM : Rien de formalisé

Toutes les informations sont contrôlées et vérifiées avant d’être transmises au public. Si toutefois une erreur parvient à se glisser, elle sera rectifiée par un « erratum » dans le programme ou journal concerné.

TV Tem ne possède pas de service spécialisé dans la recherche d’erreur, a priori ou a posteriori.

Espagne

El País : Par la rédaction et les lecteurs

Le journal ne fait l’objet que d’une correction orthographique et grammaticale de toutes ses pages avant publication. Il n’existe pas de système de fact-checking, car il revient à tout journaliste de vérifier les faits. Cependant la recherche d’erreurs est réalisée par la rédaction elle-même qui les localise et les signale. L’aide des lecteurs étant également très précieuse pour les débusquer. La communication des rectificatifs se fait par la rubrique « Errata » de l’édition papier et dans l’édition numérique, l’information est corrigée directement en ligne.

La Vanguardia : Le médiateur

Le chapitre 4 du Livre de style signale que “toutes les informations verbales ou écrites qui parviennent à la rédaction doivent être vérifiées, même si elles proviennent d’une source responsable”.

Si une erreur est malgré tout commise, la Vanguardia publie un erratum. Le Statut de Rédaction traite des rectifications au paragraphe 3.4 : “Sera favorisée la publication sans attente des corrections et rectifications qui affectent clairement le sens final de l’information publiée”.

Puisqu’il a comme fonction statutaire de “veiller à ce que le traitement des textes, titres et matériel graphique soient en accord avec les règles éthiques et professionnelles du journalisme” (Préambule du statut du médiateur), le médiateur peut intervenir de son propre chef si un journaliste a écrit une erreur importante.

Rádio Barcelona - Cadena SER : Pas spécifique

La station ne s’est pas dotée d’un système spécifique de recherche des erreurs ; le retour critique sur la diffusion de la veille permet de pointer les rectifications nécessaires qui sont alors immédiatement mises en onde. La fréquence des bulletins d’information permet de corriger très vite une erreur.

RNE : Une charge du directeur de l’information

Le directeur de l’information est en charge de la vérification de toute information avant et après sa diffusion à l’antenne. Toute erreur sera rectifiée au bulletin suivant.

TVE : A posteriori

La TVE rectifiera avec diligence et par le traitement adapté aux circonstances les informations que se révéleront fausses ou erronées, sans nécessité d’attendre qu’elle soit sollicitée par les personnes ou institutions impliquées. La rectification sera diffusée dans le même cadre et avec la même capacité de diffusion que l’information démontrée erronée ou inexacte.

France

Europe 1 : Au cas par cas

Dans la mesure du possible, les erreurs dites à l’antenne sont rectifiées. Il est évidemment plus facile de rectifier en amont, avant la diffusion, une erreur dite dans une interview que d’intervenir après-coup.

France 2 : Double visionnage

Tous les sujets sont visionnés par un chef de service puis par un rédacteur en chef ou son adjoint.

Les erreurs éventuelles sont corrigées dans le fil du journal si elles sont décelées à temps, sinon au cours de l’édition suivante.

France 24 : Des vérificateurs de langue

Il n’existe pas de service de « fact-checking ». Chaque sujet est visionné puis validé par un chef d’édition avant d’être diffusé.

Le service en arabe utilise des « vérificateurs de langue ».

France Inter : Voie hiérarchique préalable

Chaque sujet diffusé à l’antenne est validé par le chef de service et/ou le rédacteur en chef.

La Croix : Circuit de relecture classique

Chaque article est relu plusieurs fois, par le chef de service, rédacteur en chef, secrétaire de rédaction, réviseur…

Sur le web, chaque article est relu au moins par un chef de service.

En cas d’erreur, les rectificatifs sont publiés sans commentaire.

La Dépêche du Midi : Pas de système formalisé

Il n’existe pas d’organisation particulière pour rechercher les erreurs avant ou après publication.

La Montagne : Filtres variés et multiples

Près de 500 pages sont produites chaque jour. Pour éviter les fautes d’orthographe, plusieurs filtres de relecture se succèdent, du chef de service (en rédaction locale) au pilote (au siège). Par ailleurs, les articles sensibles - les analyses politiques, les indiscrétions et les gros faits-divers -, font l’objet de 5 à 6 relectures, dont celle de la rédaction en chef.

La Nouvelle République : Systématique dans les « info services »

Une erreur de date peut être très importante en matière d’ « Info-services » : elle est donc rectifiée dès lors qu’elle est identifiée.

La Provence : Circuit de relecture classique

En plus du secrétariat de rédaction, chaque article est relu au moins par un chef de service. Lorsqu’il s’agit d’un sujet sensible comme une affaire politico-judiciaire par exemple, le rédacteur en chef ou le directeur de la rédaction relisent aussi.

Les erreurs signalées par un lecteur font l’objet de rectifications ou de précisions.

La Voix du Nord : Deux niveaux de relecture

Chaque article est relu au moins par le rédacteur en chef ou le rédacteur en chef adjoint et un secrétaire de rédaction.

En cas de signalement d’erreur par un lecteur, un rectificatif ou une précision sont publiés dans une colonne de brèves.

Le Figaro : Circuit de relecture classique

Pas de service de fact-checking, mais chaque article est relu au moins par un chef de service.

Les lecteurs peuvent signaler d’éventuelles erreurs directement auprès des journalistes, de la direction ou du service juridique.

Sur le web, les corrections sont faites immédiatement. Elles sont publiées dans l’édition du lendemain en cas d’erreur sur le papier.

Le Monde : Dense circuit de relecture

Entre la hiérarchie et le secrétariat de rédaction, chaque article est relu entre trois et quatre fois avant sa parution.

Après la sortie du journal, les signalements d’erreurs arrivent via le Courrier des lecteurs et sont transmis par le médiateur au service concerné qui se charge de rédiger un « Rectificatif » ou une « Précision ».

Le Parisien/Aujourd’hui en France : La voie hiérarchique

Tous les contenus sont relus et validés par les chefs de service, les éditeurs et la rédaction en chef.

Le Progrès : Relecture par un chef de service

Chaque article est relu au moins par un chef de service et le secrétariat de rédaction.

Les erreurs signalées par les lecteurs font l’objet de rectifications ou de précisions.

Libération : Circuit de relecture classique

Chaque article est relu au moins par un chef de service. Lorsqu’il s’agit d’un sujet sensible, le rédacteur en chef relit également.

Ouest France : Relecture par le « rédacteur en chef du jour »

Le rédacteur en chef du jour relit systématiquement tous les articles à paraître, après parfois un chef de service.

Chaque journaliste est en charge de la relation avec Ses lecteurs. Les signalements d’erreurs arrivent donc directement auprès des journalistes concernés. Elles font l’objet de rectifications ou de précisions.

RTL : En amont et en aval

S’il y a une erreur dans un papier, la correction peut se faire en amont, tous les sujets étant écoutés avant d’être diffusés. Ensuite, le matin, le secrétaire de rédaction peut également intervenir sur ce qui est déjà « en boîte ». Enfin, concernant le direct, si une erreur est dite à l’antenne, elle est rectifiée dans la foulée, à partir du moment où elle a été identifiée.

Sud Ouest : Pas de recherche active mais

Avant publication, les secrétaires de rédaction ont un rôle de vérification, orthographe, syntaxe ou travail avec les rédacteurs. Les chefs de service relisent également les articles avant parution. Par ailleurs un correcteur orthographique fait parti intégrante du système informatique de mise en page. Enfin, un service de correction relit les pages des informations générales.

Sud Radio : Par la direction

À Sud Radio, la frontière entre « l’info » et le « show » a, dans le passé récent, souffert de flottements. Les débordements d’Eric Mazet et de ses auditeurs, en août 2011 à propos de l’affaire DSK, ont découlé d’un certain flou dans la gestion éditoriale du moment. Un « accident » qui a été vécu comme un traumatisme par la rédaction. La direction de Sud Radio a tiré les leçons de ces dérapages en sanctionnant, en accord avec le CSA, le journaliste et son directeur de l’information du moment. Reste que le format « Talk » implique un travail considérable de surveillance de l’antenne. Celui-ci est réalisé de manière stricte, sous le contrôle de Sylvain Athiel, directeur des programmes, et de Cécile Varin, coordinatrice de l’information.

TF1 : De nombreux visionnages

Avant diffusion, chaque sujet est visionné par au moins 4 personnes : le rédacteur en chef adjoint, le chef d’édition, le rédacteur en chef et le présentateur.

Le directeur de la rédaction visionne également lui-même de nombreux sujets.

Si une erreur est faite à l’antenne, elle est le plus souvent rectifiée avant la fin du journal par le présentateur.

Irlande

The Irish Times : Une attention permanente

L’Irish Times ne possède pas de service de « fact-checking » à proprement parler mais estime se couvrir le plus possible dès la première phase de recherche d’information, notamment en respectant scrupuleusement la règle des deux sources contradictoires.

Pologne

Polskie Radio, kanal 3 : Interne et externe

Pas de personne ni de service dévolus au « fact checking » mais des évaluations très régulières faites par différents types de structures.

1) Le conseil des médias peut se rendre dans une rédaction quand une grave erreur a été commise ; il utilise des critères très professionnels pour mener ses enquêtes et s’il n’a pas de pouvoir réel, ses avis symboliques sont importants.

2) Le « conseil de programmation » interne à la radio polonaise est composé de 5 membres, nommés par des partis politiques, qui s’intéresse plutôt au contenu des émissions et des reportages. Ce Conseil passe en général un mois dans le service concerné.

Royaume-Uni

BBC : Pas de fact-checking

La BBC ne possède aucun service interne qui rechercherait a priori ou a posteriori les erreurs.

The Guardian : Aucun

Le fact-cheking ne fait pas partie de la culture britannique. Le médiateur rédige un rectificatif si nécessaire.

Suisse

La Liberté : Relecture par des « éditionneurs »

Il existe dans chaque rubrique des « éditionneurs », journalistes spécialisés qui se relaient pour la relecture des articles.

En cas de sujet sensible, une seconde relecture est faite par un chef de rubrique ou par le rédacteur en chef.

Un rectificatif ou une précision peuvent être publiés à la suite des remarques de lecteurs.

Le Temps : Circuit de relecture classique

Chaque article est relu au moins par un chef de rubrique. Lorsqu’il s’agit d’un sujet sensible, l’un des rédacteurs en chef adjoints, voire le rédacteur en chef, relisent également.

En cas de signalement d’erreur par un lecteur, c’est la cellule web ou le journaliste concerné qui répondent directement.

Les erreurs font l’objet de rectifications ou de précisions dans la rubrique Courrier des lecteurs : « Vous rectifiez », « Vous précisez ».

RTS : Vérifications

Pas de système formalisé de fact-checking.

En radio comme en télévision, un cadre écoute ou visionne les sujets avant diffusion, essentiellement pour vérifier que l’angle demandé a bien été respecté.

En cas d’erreur substantielle, les rectificatifs sont apportés dans l’émission du lendemain.