9.1. – Quelle prise en compte de la RSE ?

Il n’existe pas de définition consensuelle de « la responsabilité sociale des entreprises » (RSE). Cependant tout le monde en Europe s’accorde à présenter cette notion comme la prise en compte par les entreprises de leurs impacts sociaux, culturels, économiques et environnementaux sur la société.

L’impact principal d’un journal, d’une chaîne de radio/télévision ou d’un site d’information relève évidemment moins des performances énergétiques que du contenu produit et diffusé.

Après les Britanniques et leur Media corporate social responsibility forum (CSR forum), les Européens du nord et leur Nordic CR Forum, plusieurs grands groupes français (TF1, Vivendi, Lagardère, France Télévisions, Bayard Presse…) se sont regroupés en 2011 pour former le Forum RSE Médias. Leur objectif consiste à travailler ensemble pour dégager les enjeux spécifiques de la responsabilité sociétale dans leur propre secteur. La plupart des groupes de presse importants ont une direction de RSE.

Le Forum RSE Médias est à l’origine d’un guide La RSE dans le secteur des médias, publié en 2014.

La législation française - largement inspirée par Bruxelles - exige en effet pour les entreprises cotées en bourse la publication d’informations extra-financières. Cette contrainte va progressivement s’appliquer aux entreprises non cotées.

Reste que cette notion de responsabilité sociale/sociétale des entreprises de presse est investie de façon très différente selon la taille et la nationalité du média.

Depuis l’adoption de son code de développement durable en 2010, l’Allemagne encourage très fortement la mise en application volontaire de cette norme pour la transparence dans la gestion durable des entreprises.

Même tendance du côté de la Pologne, grâce à l’influence de l’Europe communautaire. Il n’existe toutefois pas encore de spécificité RSE médias dans ces pays.

Réponses complètes

Allemagne

Berliner Zeitung : Des oeuvres solidaires

Le Berliner Zeitung ne possède pas de service RSE. Mais la maison d’édition M. DuMont Schauberg (dont le Berliner Zeitung fait partie) ainsi que la famille propriétaire Neven DuMont s’engagent dans de nombreuses oeuvres de charité auxquelles elles contribuent financièrement. Il s’agit par exemple de : « Wir helfen – die Lobby für Kinder in Not » (association dédiée à l’aide aux enfants en difficulté), Spiridon-Neven-DuMont-Preis (un prix pour les jeunes artistes), Stifterrat des Wallraf-Richartz-Museums (fondation dédiée au soutien au musée Wallraf-Richartz à Cologne), Alfred-Neven-DuMont-Stiftung (fondation qui soutient actuellement un internat pour les enfants défavorisés de Nairobi), etc.

ZDF : Un service dédié

La chaîne de télévision ZDF s’est doté d’un service RSE.

Belgique

De Standaard : Aucune

La Libre Belgique : Pas de personne dédiée

Le Soir : Aucune

RTBF : Aucune

Brésil

A Folha de S. Paulo : Au niveau éditorial comme entrepreneurial

Le média valorise la responsabilité sociale tant dans ses pratiques en tant qu’entreprise que dans sa partie éditoriale.

Cruzeiro do sul : Un engagement certain

Sans entrer officiellement dans une démarche RSE, l’engagement de la fondation et du journal pour la « promotion humaine » se veut total. Il est d’ailleurs inscrit dans les « missions et les valeurs » et se retrouve au quotidien dans les actions menées sous la responsabilité de la présidence, de la gestion du marketing et du rédacteur en chef.

Le thème de la RSE fait l’objet d’une rubrique du journal, ce qui montre que la rédaction se préoccupe de cette question.

O Estado de S. Paulo : Des objectifs à venir

Dans son rapport annuel de responsabilité de l’entreprise, O Estado s’engage à atteindre des objectifs et détaille les investissements nécessaires pour y parvenir.

Par ailleurs, le groupe de travail « Comité de durabilité » a été créé pour évaluer les actions de responsabilité sociale importantes pour l’entreprise, en particulier dans le domaine de l’intégration des minorités.

Rádio CBN : Engagement dans la responsabilité sociale

L’environnement et la responsabilité sociale sont des préoccupations de l’entreprise.

La radio CBN a d’ailleurs monté un partenariat éditorial avec l’Institut Ethos sur la Responsabilité Sociale et diffuse trois bulletins d’information par semaine.

Elle diffuse également deux fois par semaine « la Voix du Citoyen » et le bulletin « Villes Durables », en partenariat avec le réseau Notre São Paulo.

TV Cultura : Pas systématisé

La responsabilité sociale est une préoccupation non formalisée de la chaîne.

Ponctuellement des reportages traitent de cette thématique.

TV TEM : Une préoccupation mais pas de poste spécifique

Aucun responsable n’est nommé pour la RSE à l’intérieur de la chaîne.

En revanche TV TEM soutient des initiatives de développement durable par des spots qui informent et incitent à l’action en matière écologique. La thématique est également traitée par la rédaction.

La chaîne publie aussi chaque année un Rapport d’actions sociales sur ses activités menées dans les domaines de l’éducation, du sport, de la santé et la durabilité, de la culture, du tourisme et des loisirs.

Espagne

El País : Au niveau du groupe propriétaire

Le groupe Prisa, qui compte 14 000 salariés, possède sa propre unité de travail sur la Responsabilité Sociale des Entreprises. Mais rien de spécifique ne se fait pour l’instant au niveau du journal.

La Vanguardia : Aucune

Rádio Barcelona - Cadena SER : Non, mais veille au bien-être

Si aucun service spécifique ne développe la RSE de la radio, son directeur des contenus s’interroge quotidiennement sur les conditions d’exercice du métier et les relations entre la hiérarchie et les journalistes. Sa recherche du meilleur esprit possible de travail le porte à se donner quelques principes personnels tels que : être prioritairement à l’écoute des journalistes, réguler au mieux les horaires de travail en fonction des besoins et des vies de chacun, concilier journalisme et vie privée, instaurer une grande fluidité des relations bottom – up, etc.. Pour ce faire il cherche toujours à motiver la rédaction, à stimuler les journalistes pour qu’ils soient le plus possible sur le terrain, à donner continuellement un horizon, à faire intégrer l’idée du salaire émotionnel (qui est le plus difficile à faire).

RNE : Un début

Pas de personne en charge de la RSE, pas de reporting social de l’entreprise pour l’extérieur.

Mais en interne, un début d’organisation par l’existence d’un comité de sécurité qui veille aux bonnes conditions logistiques et matérielles de travail pour chacun des salariés de l’entreprise (éclairage, poste de travail, emplacements, sécurité, etc).

TVE : Pas de fonction spécifique

TVE tient compte de cette problématique à travers sa programmation.

France

Europe 1 : Récente

Cette prise en compte, à l’échelle du groupe Lagardère, se structure autour de 4 priorités : s’affirmer comme un employeur responsable, développer ses activités dans le respect de l’environnement, favoriser l’accès à l’information et à la connaissance et être un groupe de médias créateur de lien social.

Un rapport extra financier : www.lagardere.com/fichiers/fckeditor/File/Relations_investisseurs/Publications/2013/rapport_developpement_durable_2012_fr.pdf, est publié chaque année par Isabelle Juppé, responsable du développement durable au niveau du groupe depuis 2008. Il recense toutes les initiatives et les bonnes pratiques internes, il donne également les objectifs et des indicateurs pour mesurer les différents impacts du groupe.

Lagardère fait partie du Forum RSE Médias.

France 2 : Création d’une direction

Une direction de la RSE a été créée le 14 octobre 2011, avec à sa tête Marianne Bernard, rattachée directement à la présidence de France Télévisions. La mission RSE sera mise en œuvre par une équipe de 5 personnes, transversale aux activités du Groupe, et par des personnes référentes dans chacun direction de France Télévisions.

Pour l’instant toutefois et malgré l’engagement de Rémy Pfimlin, aucun rapport extra-financier n’a été produit par le groupe audiovisuel public.

France 24 : L’angle de la diversité et de la lutte contre les discriminations

Signataire de la charte de la diversité depuis avril 2013, France 24 s’engage de manière volontariste dans une démarche de lutte contre toutes les formes de discriminations. Cet engagement est d’abord éditorial et France 24 est un média responsable, relai actif de la parité, de la diversité et de toute forme de sensibilisation à la lutte contre les discriminations. Les programmes traitent de ces thématiques, que ce soit à travers les débats où s’échangent idées et réflexions en provenance des cinq continents mais aussi les émissions dédiées aux cultures du monde, aux problématiques d’égalité, au développement durable, à tous les enjeux de développement et de diversité de notre monde sans frontière.

France Inter : En cours de réflexion

La Croix : L’expression devrait logiquement faire son apparition …

Le secteur Bayard jeunesse (qui représente un tiers des activités du groupe) possède un responsable développement durable… Un poste de coordination à l’intérieur du groupe existe déjà.

Des échanges de bonnes pratiques se font régulièrement avec d’autres groupes de presse et Bayard participe au Forum RSE des médias.

L’expression Responsabilité Sociale de l’Entreprise pourrait donc logiquement faire son apparition, mettant ainsi un sigle sur les pratiques isolées mais qui depuis quelques années convergent vers une cohérence à laquelle chacun semble aspirer.

La Croix s’implique dans ce domaine à travers des propositions éditoriales en partenariat avec des organismes extérieurs : « Tendances des entreprises sociales » avec l’Avise ; « le Baromètre de la finance solidaire » avec Finansol.

La Dépêche du Midi : Non communiqué

La Montagne : Aucune

La Nouvelle République : En progrès

Cette prise en compte de la Responsabilité Sociale (ou Sociétale) des Entreprises dans l’Imprimerie de Presse en est à ses débuts, mais progresse. Sous la pression économique, mais également par une volonté des média-imprimeurs d’être exemplaires dans ce domaine. Les questions de protection de l’environnement, de prévention des accidents et des maladies du travail, et de bien-être des travailleurs, sont maintenant au cœur des préoccupations de l’entreprise et de ses instances paritaires, internes et externes.

La Provence : Aucune

La Voix du Nord : Aucune

Le Figaro : Une préoccupation progressive

Le Figaro ne possède pas de responsable du développement durable ou de la RSE. Néanmoins chaque service incorpore progressivement ces préoccupations dans ses pratiques.

Le Monde : Aucune

Et personne n’est en charge de cette question.

Le Parisien/Aujourd’hui en France : En cours

La prise en compte de la RSE a démarré et son développement est en cours de réflexion.

Le Progrès : Aucune

Libération : Aucune

Ouest France : Une réelle sensibilisation

Aucun service ou personnel n’est chargé de la question du développement durable ou de la RSE, néanmoins plusieurs postes recouvrent, dans leurs activités, des préoccupations environnementales ou sociales (DRH, ingénieur en charge des bâtiments, directeur industriel, responsable du parc automobile…)

Un groupe de travail sur le bilan carbone est animé par un chargé de mission auprès de la Direction Générale.

La sensibilité à la problématique de l’entreprise citoyenne semble se propager, tout comme la conscience d’une anticipation nécessaire des futures règlementations.

La compilation de pratiques environnementales et de démarches responsables n’a toutefois pas encore pris la forme d’un engagement RSE.

RTL : En cours de réflexion

Sud Ouest : Aucune

Sud Radio : NC

TF1 : Un concept transversal

La RSE est considérée à TF1 comme un concept transversal qui englobe à la fois la gouvernance, les aspects sociaux, l’environnement, le service des achats, etc.

C’est le Directeur Général adjoint en charge des Technologies, Systèmes d’Information et Innovation & Développement durable qui en a la responsabilité, et rapporte directement au PDG.

TF1 fait partie des principaux indices boursiers dédiés aux investissements responsables : Dow Jones Sustainability Index, Ethibel, ASPI Eurozone, FTSE4good.

TF1 est partie prenante du Forum RSE Médias, une association de professionnels de la RSE des médias dont l’objectif est de promouvoir la RSE dans les entreprises du secteur Média et Communication.

Irlande

The Irish Times : Aucune

Pologne

Polskie Radio, kanal 3 : Aucune

Royaume-Uni

BBC : Une équipe spécifique

La BBC a fixé des objectifs en termes de diversité à l’embauche. En 2012, les personnes issues des minorités ethniques devront représenter 12,5% des salariés et 7% des cadres de la BBC. Les personnes handicapées devront représenter 5,5% des salariés et 4,5% des cadres.

La BBC organise chaque année un téléthon pour les enfants défavorisés.

La Fondation pour la vie sauvage de la BBC (« BBC Wildlife fund ») organise des levées de fonds pour financer des projets de conservation des espèces et des écosystèmes. En 2010, cette opération concernait 60 espèces dans 28 pays.

The Guardian : Une équipe

The Guardian offre des bourses à des étudiants post-doctorants en tenant compte de critères liés à la diversité.

Une équipe de 4 à 5 personnes opère de façon transversale dans tous les services du groupe.

Suisse

La Liberté : Reportée ultérieurement

La structure actuelle du journal appartenant à un conglomérat ne rend pas possible une prise en compte formelle de la RSE.

En revanche, il semble que l’idée ne soit pas inconcevable dès que le titre aura acquis un peu plus d’autonomie ; le projet est en discussion.

Le Temps : En cours

Intégration au réseau RSE Philias en 2011.

Démarche éthique en cours.

Certification Qualité ISAS BCP 9001 obtenue en 2010 et nomination d’un responsable Qualité.

RTS : Non formalisé