8.1. – Quel engagement pour la formation continue ?

France

Chaque salarié du secteur privé français dispose d’un Droit individuel à la formation(DIF). Cette mesure l’autorise à bénéficier d’une formation professionnelle à hauteur de 20 heures par an, cumulables jusqu’à six ans maximum. Il bénéficie pendant ce temps de formation d’une indemnité équivalant à 50% de son salaire, versée par l’entreprise si la formation est réalisée en dehors du temps de travail et de la totalité de son salaire si elle est réalisée durant le temps de travail.

Les salariés français bénéficient par ailleurs d’autres dispositifs : les Congés Individuels de formation (CIF), les Périodes de Professionnalisation (PP) et les Congés de formation (CP).

Belgique

La formation professionnelle continue belge est organisée par les partenaires sociaux, les communautés linguistiques et les régions. Au niveau fédéral, « le congé d’éducation payé » mis en place en 1985, permet à chaque salarié de bénéficier de formation durant le temps de travail, tout en continuant à obtenir la totalité de sa rémunération. Néanmoins le salarié est dans l’obligation de suivre une formation en lien avec son activité professionnelle. Il peut bénéficier jusqu’à 180 heures de formation annuelle.

Suisse

La formation continue n’est pas une obligation légale en Suisse, elle dépend directement de la profession et de la politique interne du journal. Chaque entreprise doit cotiser à un fond ad hoc, aujourd’hui très bien pourvu. Chaque professionnel a droit à un mois complet de formation tous les 5 ans. Une commission paritaire statue sur les demandes. Le Conseil suisse de la presse évoque également, dans ses directives 2008, un « droit pour le/la journaliste à une formation professionnelle et à une formation permanente adéquates ».

Brésil

Il n’existe aucune contrainte légale concernant la formation continue au Brésil. Le secteur des médias s’engage généralement fort peu dans la formation.

Espagne

Sans obligation légale, les médias espagnols se préoccupent peu de la formation continue des journalistes. Les stages portent presque exclusivement sur la formation technique, liés aux évolutions informatiques. Quand le Collège et Conseil des journalistes de Catalogne organisent des sessions, elles sont surtout suivies par les professionnels en recherche d’emploi.

Royaume-Uni

La formation continue au Royaume-Uni procède davantage d’une approche volontaire des employeurs que d’une réglementation de l’État ou de négociations entre les partenaires sociaux. La décision de poursuivre des études ou une formation est à l’initiative de l’individu. Donc aucune obligation légale.

Irlande

Les contraintes légales sont très légères en matière de formation continue.

Allemagne

En Allemagne, le champ de la formation continue se caractérise par un degré minimal de réglementation par l’État, à la fois au niveau fédéral et au niveau des Länder. Le Land de Berlin accorde ainsi 5 jours de formation par an à chaque salarié.

Il existe donc peu d’obligation légale mais les employés des médias publics bénéficient systématiquement de formation, en moyenne une semaine par an, pour acquérir de nouvelles compétences ou approfondir des savoir-faire plus anciens.

Pologne

Le statut de la formation continue dans la loi polonaise est assez imprécis. Il n’existe pas d’obligation légale.

Réponses complètes

Allemagne

Berliner Zeitung : Respect de la loi

Dans le Land de Berlin, tout salarié a droit à 5 jours par an de congés pour formation.

En interne, les formations sont essentiellement techniques mais les stages en externe peuvent être pris en charge.

ZDF : Pas d’obligation légale

Belgique

De Standaard : Le respect de la loi

La Libre Belgique : Formations web

Des formations sur l’utilisation des réseaux sociaux et sur le modèle économique du web ont été organisées pour les journalistes.

Le Soir : Un engagement récent

L’obligation légale n’a pas été respectée pendant longtemps mais depuis 2005 et le changement de formule, les journalistes ont accès à des formations fondamentales : écrire plus court, langues étrangères…

RTBF : Opportuniste

Mise en place de la RTBF Academy en 2013 visant à la formation des collaborateurs de l’entreprise dans le cadre de l’évolution stratégique de celle-ci.

Brésil

A Folha de S. Paulo : Des financements

A Folha finance des cours et des périodes sabbatiques.

Cruzeiro do sul : Aménagement d’horaires

La rédaction cherche à faciliter l’adéquation des horaires dans le cas où le journaliste voudrait suivre un cours.

Dans certains cas, le journal peut également valider la possibilité de payer des cours à son personnel.

O Estado de S. Paulo : Encouragée

Depuis 2011, la Direction du Développement Éditorial (sous la houlette du rédacteur en chef) organise des cours d’actualisation et d’approfondissement des connaissances des journalistes, afin de répondre à des besoins précis.

En outre, le journal encourage toujours le perfectionnement des professionnels en contribuant financièrement à des études de 3ème cycles, masters et cours d’actualisation au Brésil comme à l’étranger.

D’autre part le journal a créé le Cours Estado de Journalisme qui forme des étudiants de tout le pays. Chaque année, 40 à 50 personnes bénéficient de six mois de cours et les diplômés peuvent être pris en stage puis embauchés.

Le Cours Estado, en 2008, a délivré 74 bourses d’études, et 10 professionnels ont suivi le Master de journalisme.

Rádio CBN : Encouragée

La radio encourage la formation de sa rédaction et, dans certains cas, contribue financièrement au paiement des cours. La station rend plus flexibles les horaires et accordent des autorisations pour permettre à des journalistes de suivre des études.

TV Cultura : Pas assez nombreuses

Il existe des offres de bourses d’étude pour les fonctionnaires, pas assez nombreuses face au nombre total de journalistes.

TV TEM : Aucune obligation légale

La télévision passe des accords avec des universités, des écoles de langues… Les journalistes peuvent suivre une spécialisation ou un diplôme d’études supérieures, des cours de langue… mais sur leurs propres ressources.

En revanche la chaîne investit dans des formations d’utilisation des équipements spécifiques et soutient la participation des journalistes à des séminaires en relation avec le travail qu’ils mènent dans l’entreprise.

Donc, TV Tem n’a pas de plan budgétaire spécifique au perfectionnement professionnel mais propose de cours d’actualisation en interne ou en externe.

Espagne

El País : Partiellement à la charge du journaliste

Les formations que suivent les journalistes sont le plus souvent des cours de langue étrangère. Le département de formation se charge également d’organiser des échanges avec des rédactions étrangères.

Des formations thématiques sont aussi suivies mais le journaliste doit alors payer un tiers de son coût et prendre sur ses congés un tiers de sa durée.

Récemment ces formations ont été réduites pour raison budgétaire.

La Vanguardia : Une pratique en externe

Le journal propose depuis plus de 10 ans une formation en anglais dispensée par un professeur interne à l’entreprise. Toutes les autres formations sont mises en oeuvre par le Collège de journalistes (organisation professionnelle des journalistes en Catalogne) mais peu de professionnels les suivent.

Rádio Barcelona - Cadena SER : Un budget spécifique

Radio Barcelona mène une vraie politique de formation continue et s’est dotée depuis de nombreuses années d’un budget spécifique pour la formation continue. L’ensemble de la rédaction est spécialisé, tous les journalistes sont donc attachés à une rubrique. Tous les 15 jours en moyenne, chaque journaliste participe à une formation, une conférence, un cours d’université etc. et ce quel que soit son domaine de spécialisation. Ainsi, chacun dans sa discipline se forme et actualise ses connaissances en permanence, même si le budget alloué est aujourd’hui plus limité que par le passé.

RNE : Formation obligatoire

L’institut RTVE - RNE a été créé pour offrir un vaste programme de formations en ligne et dans de très nombreux domaines. Le choix des cours est laissé à l’appréciation de chacun mais sont obligatoires. En effet, tout journaliste de la RNE doit chaque année suivre au moins 2 cours en intranet, qui seront validés en fin d’année par un examen qui lui, en revanche se fait en présence physique des examinateurs.

Tout journaliste n’ayant pas suivi deux formations dans l’année sera sanctionné d’une conséquente retenue sur salaire (environ 20% de l’enveloppe « productivité »).

TVE : Une convention annuelle

La direction organise chaque année une convocation de formation à distance ouverte à tous les employés de la chaîne ; des cours sont ainsi organisés par type de poste pour se former collectivement aux nouveaux outils ou processus de travail.

France

Europe 1 : Pas très développé

Un entretien est proposé, tous les ans, à chaque salarié afin de faire le point sur sa carrière. Des formations complémentaires, à la demande des journalistes, peuvent être formulées dans ce cadre, en langues ou en initiation au web.

France 2 : Diversité et transmedia

5,5% de la masse salariale sont dévolus aux actions de formation continue tous azimuts, alors que l’obligation légale est de 1,6%.

Afin d’accompagner la stratégie « transmedia » du groupe et la création d’une plate-forme d’infos et sports en continu sur le web, il était prévu que tous les journalistes soient formés à la production et à la diffusion de contenus sur tous les supports disponibles : « télé connectée » (web et interactivité sur la télévision), téléphonie mobile et I-Pad.

Il est également prévu que les journalistes suivent des formations sur les stéréotypes et la diversité dans le traitement de l’information.

France Télévisions est engagé dans la démarche d’obtention du Label Diversité de l’AFNOR.

France 24 : Varié

Afin d’uniformiser les méthodes de management et de renforcer les compétences des référents managériaux, la chaîne souhaite poursuivre les actions menées en 2011 et 2012 auprès de l’ensemble des managers. Par ailleurs, une formation proposée dans le cadre du plan de prévention des risques psychosociaux sera prochainement mise en œuvre.

La Direction veille au respect des règles d’hygiène, de sécurité et de qualité de vie, notamment en accompagnant par des actions de formations la pratique de certains rythmes de travail, les formations « comportement en situation d’insécurité », les formations « aux premiers secours ».

Le développement de la professionnalisation des équipes se fait par le maintien au sein de chaque Direction du niveau de compétences requis par le secteur d’activité.

Le développement des actions de tutorat au sein de France 24 conduira à organiser des formations au rôle de tuteur pour les salariés concernés particulièrement dans le cadre de la mise en application des dispositions de l’accord collectif sur les séniors (accord collectif du 21 avril 2010).

Ces salariés auront pour rôle d’accueillir les nouveaux salariés, qu’ils soient issus d’un recrutement, d’une mobilité interne ou de la mise en œuvre de contrat d’alternance.

Le développement des compétences linguistiques fait aussi partie de cet engagement.

France Inter : Un plan pour le numérique

Les journalistes ont accès à des formations fondamentales, notamment pour le numérique.

La Croix : Bien au-delà des obligations

Le groupe Bayard s’engage à plus de deux fois le minimum légal.

Pour l’ensemble de son personnel, trois axes prioritaires ont été définis : le numérique, le management et les relations clients.

Du côté des journalistes, largement impliqués dans les deux premiers axes, deux sessions de formation sur l’Europe sont organisées annuellement, ainsi qu’une formation à l’interreligieux sur Marseille.

« L’université Bayard » organise à la fois des formations et des cellules de veille pour l’ensemble des journalistes du groupe, tous titres confondus. L’ensemble des aspects du métier - autant éditoriaux que techniques - sont étudiés dans des ateliers qui se réunissent une fois par mois en accueillant souvent un conférencier. Leur mission est d’élaborer des propositions concrètes.

La Dépêche du Midi : NC

La Montagne : Un plan annuel

Un plan de formation définit chaque fin d’année les grands axes. Les nouveaux médias sont une des priorités. Le groupe Centre-France est l’un des partenaires de l’ESJ-Média via la Fondation Varenne. Les formations se font donc en lien étroit avec eux, que ce soit à Lille, Montpellier ou Paris.

La Nouvelle République : Priorité au numérique

La Nouvelle République ayant à cœur de développer l’information en continu, l’intégralité des journalistes a été formée au bi média, une formation de 8 jours pour chacun, qui s’est étalée sur une année (avec des « piqûres de rappel » désormais). Un programme dont le coût s’est élevé à plus de 800 000 euros.

La Provence : Selon les obligations légales

Les obligations légales sont respectées avec des propositions régulières de formation en interne ou en externe.

Pendant plusieurs années, l’accent a été mis sur la formation des équipes techniques, dans l’imprimerie notamment.

Depuis 2007, les journalistes bénéficient d’un nouvel effort, en particulier avec des offres de formation en anglais et en droit de la presse.

La Voix du Nord : Essentiellement technique

Le quotidien dépasse les obligations légales depuis plusieurs années, formant en priorité les membres de l’encadrement.

Les formations portent moins sur le renforcement des « fondamentaux » du métier que sur ses évolutions techniques : photographies, nouveaux logiciels, son, vidéo…

Le Figaro : Selon des objectifs précis

Le journal respecte les obligations légales qu’il dépasse même légèrement. Les formations répondent à des objectifs internes précis : nouveaux logiciels, perspectives de départ…

Le Monde : Très peu utilisée

En règle générale les journalistes du Monde utilisent très peu leur droit à la formation, sauf dans le cadre de l’apprentissage des langues.

Il existe plus largement des formations ponctuelles techniques et très ciblées.

Le Parisien/Aujourd’hui en France : Selon les dispositions légales

La DRH et la cellule formation propose régulièrement à ses salariés de se former.

Le Progrès : Un investissement de longue date

Le Progrès depuis longtemps, et particulièrement depuis 2007, a beaucoup investi dans la formation de ses journalistes, dépassant très largement le minimum légal.

Ces formations correspondent en priorité à des évolutions techniques et renvoient davantage à des adaptations à de nouveaux outils informatiques qu’à des thématiques sur le fond ou sur les fondamentaux du métier. La formation aux langues n’est pas très développée.

Libération : Presque inexistant

La formation continue est très peu suivie à cause du manque de temps chronique des journalistes de la rédaction. Néanmoins la possibilité de faire des stages de formation est offerte à l’ensemble de la rédaction.

Ouest France : Un engagement fort

Ouest-France fait depuis longtemps de gros efforts en termes de formation continue, le double du minimum légal.

Aux piqûres de rappel sur les fondamentaux du métier s’ajoute depuis 20 ans un effort particulier et exponentiel sur la thématique de l’Europe et depuis 5 ans sur l’anglais (en permanence, 36 journalistes sont en formation d’anglais).

Une formation continue en interne a été mise en place depuis la création des « pôles de compétence », réseau informel de journalistes du siège ou de rédactions décentralisées sur des sujets larges : santé, éducation, environnement…

RTL : Respect des obligations légales

Chaque année, un formulaire est transmis à chaque journaliste pour une demande éventuelle de formation. Libre ensuite à chacun d’y répondre. Beaucoup de demandes concernent l’apprentissage des langues (anglais, arabe).

Sud Ouest : Formations au web

Des actions de formation sont proposées dans le cadre du Plan de formation sur l’écriture web, la réalisation vidéo pour le web et sur la façon d’intégrer le web dans le système de recherche d’information (vérification des informations trouvées sur les réseaux sociaux, diversification et validation des sources).

Sud Radio : Embryonnaire

Un plan de formation existe, selon les dispositions légales. Mais il n’y a pas, à l’heure actuelle, de réelle dynamique dans ce domaine, ni du côté de la direction, ni du côté de la rédaction.

TF1 : Très fort

TF1 consacre 3% de la masse salariale à la formation continue (presque 3 fois plus que l’obligation légale).

Il existe un plan de formation pour les journalistes sur leur cœur de métier : écriture créative, écriture web, comportement devant la caméra, commentaire sur images.

TF1 s’est engagée également à former tous les niveaux de l’entreprise à la thématique « diversité » : près de 300 managers ont déjà été formés sur les stéréotypes, la diversité, la discrimination dans le recrutement et face aux augmentations de salaire, près de 180 journalistes, techniciens, documentalistes et conseillers artistiques ont été formés à la diversité dans le traitement de l’information.

Irlande

The Irish Times : Minimal

Les contraintes légales sont limitées et les courts programmes de formation continue pour les journalistes portent essentiellement sur les nouvelles technologies et sur le droit de la presse.

Pologne

Polskie Radio, kanal 3 : Pas d’obligation légale

Royaume-Uni

BBC : De nouvelles formations proposées régulièrement

Pas d’obligation légale en Grande-Bretagne. Néanmoins de nombreuses formations sont proposées aux salariés : utilisation des nouveaux médias, droit de la presse…

Chaque journaliste entrant à la BBC a droit à une semaine de formation à la « culture maison ».

The Guardian : Accompagner la révolution numérique

Pendant deux ans, à l’heure du déjeuner, une formation a été dispensée afin de transmettre à tous les salariés du groupe une culture et des savoir-faire. Exemples de thématiques pour les journalistes : la recherche d’informations, le journalisme de données, le « journalisme de conversation » (celui qui intègre les informations apportées par le lecteur), la gestion des communautés.

Suisse

La Liberté : Des formations régulières

La formation continue des journalistes suisses dépend directement de la profession. Ceux qui travaillent pour le quotidien de Fribourg sont donc régulièrement formés.

Le Temps : Un engagement récent mais affirmé

Un service de ressources humaines a été récemment créé dans le but d’optimiser les possibilités de formation en interne dont le nombre a substantiellement augmenté depuis la fin de l’année 2008.

A noter la création d’un fonds de formation pour le personnel non journaliste en juillet 2010.

RTS : Formation initiale et déontologie

Tous les 4 ans, la négociation de la convention collective comprend des engagements sur la formation des salariés.

Chaque journaliste entrant à la RTS effectue une formation au Centre romand de formation des journalistes (CRFJ).

La formation continue dépend ensuite de l’évolution des programmes. Des journalistes peuvent ainsi être formés spécifiquement pour une émission.

Chaque année, quelque 500 cours sont organisés à l’attention des stagiaires et collaborateurs des métiers de l’éditorial. Ce qui représente une moyenne de 4,3 jours de formation par collaborateur.

Depuis 2011, une politique volontariste de formation des jeunes permet l’engagement de 10 stagiaires par an dans les métiers de l’éditorial (journaliste, réalisateur, animateur).

La formation met aussi l’accent sur la déontologie. Tous les nouveaux journalistes suivent un cours de base obligatoire. Quant aux journalistes expérimentés, ils participent à des ateliers de rafraîchissement traitant de cas concrets. Plus de 100 journalistes sont ainsi formés chaque année à la déontologie. Une grande partie des formations concerne également le maniement des nouveaux outils de production et l’apprentissage de techniques « transmédia » (radio / télévision / multimédia).